Je ne suis qu’une pièce rapportée dans la famille dont elle me parle. Juste un ajout dans leur famille. Ça me touche ce qu’elle me dit. Mais je ne réagis pas. Je me refais tout les scénarios possibles dans ma tête. J’essaye de trouver comment y mettre un terme. Comment en finir avec cette vie de crime qui m’a poussée à devenir un tueur… Je sens bien qu’elle essaye de retirer mes mains de mon crâne. Mais je ne réagis plus… Je dois trouver… faut une solution… faut que ça s’arrête…

Raven me fait finalement lâcher prise et la voilà même qui me prend dans ses bras. Elle me demande de me concentrer sur ma respiration, ce que je tente de faire. Je veux pas crever… Je veux pas… Je n’arrive pas à m’empêcher de me refaire toute les options dans la tête et à chaque fois la fin est tragique pour moi. Au moins j’ai presque arrêté de bouger et je ne lui donne pas trop de fil à retordre, pas à ce niveau-là en tout cas. En fait… je… je pleure ? Sérieusement ? C’est quoi ? L’épuisement sans doute ou alors la peur. Peut-être un peu des deux ? En tout cas, je voudrais pouvoir arrêter de penser à tout ça et rester tranquille un moment. Peut-être que me faire interner pourrait m’aider ? Eh merde ça recommence…

Je l’écoute, me concentre sur sa voix et parvient à me calmer un peu. C’est presque si elle arrivait à me faire rire en me disant qu’elle compte danser avec moi à mon mariage, comme elle est sûr que je vais le faire un jour. Mais je suis réellement soulagé quand elle me dit que je vais pouvoir retourner dans ma chambre. Alors quand on se lève, je me laisse faire sans problème. Je crois que là, je ressemble plus à un zombie qu’à un homme et franchement je m’en fou un peu. Tout ce qui m’importe et de pouvoir enfin m’allonger comme on arrive dans la chambre. Je pense que je ne vais pas tarder à dormir… j’en ai besoin. Et puis il a encore deux jours avant que je ne sorte d’ici. Peu importe où j’irais à ce moment-là…

A peine allonger, je me détends déjà, mais malgré cela Raven demande quand même à ce qu’on me donne un calmant. Il ne tarde pas à agir et c’est en tenant la main de mon amie que je fini par m’endormir…

Lorsque j’ouvre les yeux il fait déjà nuit et c’est relativement calme dans le service, ou du moins je n’entends rien. Je profite de ne pas être attaché pour aller aux toilettes avant de me recoucher. Seulement impossible de retrouver le sommeil. Je somnole un peu, mais sans plus. Aussi quand Raven arrive le lendemain, le début deuxième jour pour moi donc, j’ai déjà manger mon petit-déjeuner et me suis même déjà lavé. D’après ce que j’ai compris je n’aurais plus besoin de la perfusion pour mes carences et infections, des comprimés suffirons, ce qui n’est pas pour me déplaire soi-disant passant.

Bonjour. Ouais ça va mieux… J’ai dormis une partie de la nuit seulement, mais comme je me suis couché tôt c’est normal. Je lui lance alors un sourire. Merci pour le courrier. Parait qu’on va m’enlever la perf aujourd’hui… si les résultats de la prise de sang sont bon. Je dois avouer que ça m’arrangerait, c’est pas super agréable. Je sais que c’est de ma faute, mais cela n’empêche que je sois soulagé.

Aujourd’hui je pense que la journée va se dérouler de la même façon que hier… avec les crises en moins j’espère. Peut-être même, soyons fou, qu’on trouvera une solution. Nouveau sourire... en effet je vais un peu mieux.

Une sieste ? Pourquoi pas ? Elle me demande alors si j’ai eu des cauchemars et je secoue la tête, je ne m’en souviens pas en tout cas. Quand j’étais éveillé je profitais juste du silence. J’ai essayé de pas trop réfléchir. Je rigole carrément comme elle me taquine à propos de la perfusion. Je voudrais pas que vous vous ennuyez.

Elle me parle alors de m’emmener à l’extérieur. Ça va me faire du bien je pense. Elle me laisse alors seul dans la chambre et enfile donc la paire de chausson et le gilet à ma disposition en faisant attention à la perf’ et m’assoie au bord du lit en attendant la psy.

Aussi étonnant que cela puisse paraître oui, j’ai pu profiter du silence. J’étais un peu à l’ouest en même temps, alors c’était facile de me détendre.

Elle se moque de moi en plus. Je rigole quand même et en rajoute même une couche. Avec la barbe de trois jours que j’ai pas pu raser ça doit être magnifique… Je me redresse et me met debout devant elle. Je suis parfaitement prêt, ça va me faire du bien je pense. Tu me retiendras quand même si je faiblis ? Ou tu me laisseras m'étaler par terre ?

Me faire raser par un monsieur muscle ? Je suis de bonne humeur, mais faut pas déconner non plus. Alors je lui fais non de la tête comme je me lève. Quand elle me dit qu’elle me laisserait tomber je fais mine d’être vexé. Un peu d’humour ça fait du bien au moral. J’en été sûr, tu me retiendras pas. Je lui lance un grand sourire pour lui faire comprendre que je plaisante. Écoute pour l’instant je pense que ça va aller. Au pire je te préviendrais si je me sens mal. Je la suis alors dans les couloirs, on avance pas trop vite alors j’arrive à suivre pour le moment. Et puis bouger me fait vraiment du bien, je le sens.

Ça tombe bien je suis pas sur les réseaux sociaux… Je pourrais même surveiller les commentaires, donc pour moi ça changerait rien.

Lorsqu’elle me demande de ne pas aller trop lentement je la regarde en souriant. Me défie pas Raven, j’en serais capable. On monte dans l’ascenseur et descendons pour arriver à l’extérieur. Je profite alors de l’air frais à défaut d’être pur, on est quand même à New York… c’est pas la campagne quoi. Ça fait du bien de bouger, quand même. C’est vraiment juste parce que la nuit s’est bien passé ?

On se retrouve donc dans un parc fermé à nous lancer des piques. Plutôt improbable quand on sait l’état dans lequel j’ai fini hier. Pourtant c’est bien ce qu’il se passe. On s’assoie sur un banc, au soleil, histoire de profiter un peu. Je suis désolé, pour hier. Je sais pas ce qu’il m’a pris. J’ai eu…peur… je crois. Mais je voulais pas réagir comme ça… et puis tout te balancer comme ça…bref je suis désolé. J’espère au moins que mon amie ne m’en tiendra pas rigueur. Je sais qu’elle avait dit pouvoir faire la part des choses, mais elle ne savait pas encore ce que j’allais lui annoncer…

Des gosses hein ? La comparaison me fait peur tellement elle est vraie. On ne pensait qu’au fric en fait. Mais je suis sûr qu’elle ne voudra pas de nos excuses. Alors je ne dis rien et me contente de la laisser finir. Elle me tend le paquet de cigarette, mais je refuse d’un geste de la main, j’en ai même pas envie en fait.

Non, je veux parler de quand… j’ai craqué on peut dire. Je sais que c’est ton boulot, mais je suis désolé que tu ais vue ça… j’ai paniqué et je savais plus comment réagir alors… je me souviens même pas de ce que j’ai pu dire en fait.

Ah oui c’est vrai, les conseils pour me suicider sans trop souffrir. Je pense qu’on aura une autre séance dans la journée, non ? Parce que je t’avoue que j’ai vraiment peur de finir dans le même état, j’ai même peur que ce soit pire.

Je regarde un instant autour de nous, sans vraiment faire attention aux autres patients, juste regarder les murs qui nous entourent et le ciel au-dessus. Si tu savais comme je me sens vulnérable ici. Vraiment… c’est la première fois depuis plus de 20 ans que je me sens aussi faible et aussi fragile. Et je n’aime pas du tout ça…

Alors comme ça selon elle je ne suis pas faible. Ça reste à voir. En tout cas elle me rassure en me disant qu’avec ce que je prends comme médocs je ne devrais pas faire de crise.

Entre autres, je ne peux même pas m’habiller ou me laver correctement à cause de ça. Je montre alors la perfusion. Puis… chez moi je suis armé, au boulot aussi. Sauf quand je suis de service au Coyote Ugly… là-bas je déconne pas. Mais autrement je suis toujours armé et puis les gens me craignent et d’un côté ça me rassure. Ici je n'ai absolument rien pour me défendre... j'ai pas l'habitude.