Il sourit de toutes ses dents. Tu peux le prendre comme c'est... une boutade. Tu le sais que ton père est un petit farceur depuis le temps, non ? C'est le plus important de s'aimer sois-même. Toi tu te connais, mais les autres ont besoin d'apprendre à te connaître avant de t'apprécier c'est normal. Il rigole. Non, je ne dirais pas que j'étais un cancre. Disons que j'étais celui qui chahutait le plus, sans compter que j’embrigadais les autres élèves avec moi.

D'accord, mais il n'y a pas de rémunération à la clé. C'est du pur bénévolat. Il réfléchit. Je n'ai pas une très bonne mémoire de toute façon, donc la menace de te la ressortir à une date limite d'utilisation. Ne t'en fais pas. Il plonge ses mains dans ses poches. Oui et c'est même pour ça qu'on l'aime. Il lui manquerait un petit quelque chose si elle n'avait ce grain de folie, je trouve. Merci. dit-il fièrement. Je dois souvent trouver des compromis dans mes négociations donc c'est devenu une seconde nature chez-moi. Demande-moi si tu as besoin d'obtenir quelque chose des gens, je suis doué pour ça. Il réfléchit encore une fois. Plus qu'être pressé d'être papy, je suis pressée de te voir maman. Je pense que tu seras transformée. Il lui fait un clin d'œil. Un compliment reste un compliment. Tu préférerais que je dises des médisances sur toi à la place ?

C'est justement ce que j'aimerais savoir. Je pense qu'il faudrait une date d'expiration sur ces jours-là. Que tu puisses pas me les ressortir dans genre dix ou vingt ans. Il lui enlace les épaules. Tu l'as déjà imaginé ton mariage ? Comment tu le verrais ? Ils repartent donc à l'exploration de New-York. Pour terminer cette journée, j’ai réservé dans l’un des meilleurs restaurants de la ville pour le dîner. Repas gastronomique et cuisine cinq étoiles, alors pour ce midi je veux me lâcher sur de la bouffe bien grasse et consistante comme seuls ces cinglés d’américains savent la faire. Des idées?

Il la regarde dans les yeux. Pas forcément. Mais tu sais, je ne suis pas seulement un avocat. Et avec toi je suis avant tout ton père. Donc si j'ai envie d'être farceur et d'embêter ma tendre fille, personne ne viendra me l'interdire. Il vient donner une pichenette du bout de l'index au nez de Léna. Personne ne te demande de changer ce que tu es Léna. Tu es en âge de décider d'être la personne que tu veux être. Il hausse les épaules. Qui sait ? Peut-être bien que ta maman était studieuse ? Ce n'était pas que je n'étais pas sérieux, mais j'avais selon ma mère des facilités dans les études alors je ne m'en faisait pas pour ça et je profitais de mon enfance voilà tout.

Tu pourrais au moins faire ça pour ton père. Tu n'as vraiment pas le sens de la famille. Je te demande juste une petite ristourne, mais à hauteur de 100%. Un poisson rouge ? Oh oui ma chérie tu n'as pas idée. J'oublierais ma tête si elle n'était pas sur mes épaules. Il regarde droit devant lui. Je trouve que vous vous ressemblez beaucoup au même âge. Tu seras contente d'apprendre que je l'aimais énormément et que je t'aime tout autant.
N'interprète pas tout en mal, Léna. Tu es très bien comme tu es. Tu seras juste différente, plus épanouie, plus heureuse, pas meilleure. Il prend une mine faussement fâchée. Alors arrête de critiquer mes compliments et dis merci à ton père au lieu de râler, dit-il le sourire en coin.

Donc ça veut dire que je peux recommencer à embêter tes cheveux ? dit-il en levant une main au-dessus de sa tête sans encore toucher à sa chevelure dorée. Si ton ex-futur époux n'avait pas tout gâché, tu aurais voulu aller jusqu'au mariage avec lui ? Je te promets que tu auras le mariage dont tu rêves. Enfin je parle de la cérémonie. Réussir ton mariage après le jour J ne dépend que de toi. C'est bien si on fait ça entre nous, y aura plus de champagne et de petits fours pour nous, comme ça. Il remet correctement son écharpe autour de son cou. Je n'ai pas très envie de burger ou de poulet. Je pensais à quelque chose de plus exotique. Tacos, shawarma ou falafel. Mais si tu veux absolument manger un burger, cela m'est égale.

J'aime beaucoup le dire également. Je me suis jamais senti parent, même si je savais que j'avais un enfant. Je me sens plus moi-même maintenant que je peux dire que je suis ton père et que tu es ma fille. Dois ? Je n'ai aucune obligation parentale. C'est le seul avantage au fait que je ne t'ai pas élevé, ne m'enlève pas ça. Il rigole en la voyant loucher sur ce qu'il fait, ça l'amuse de la voir remuer son petit nez. Alors c'est parfait. Sois comme tu es. Il acquiesce de la tête. Oui, c'est juste. Je le serais devenu surement plus tôt que ça, si mon père n'avait pas été garde du corps lui-même, mais c'est les aléas de la vie.

Il regarde son vêtement de plus près. C'est pas trop mon style donc tu peux te le garder ton pull. D'accord pour une compensation, mais seulement à un taux fixe horaire alors. Pas d'heures supplémentaires, de congés payés ou d'augmentation le weekend et jour férié. Marché conclut ? Il rigole. T'es bête... dit-il affectueusement en continuant à rigoler. Tu ne prouves pas tout non plus. Pour ta mère et moi, tu es ce qu'on a de plus cher, mais on ne renie pas notre passé commun pour autant. On a aussi été très heureux avant ta naissance et nos souvenirs compte tout autant pour nous que toi. Prend ton temps, rien de presse. Il lui jette un faux regard noir. Continue à te foutre de la tronche de ton père, toi, dit-il avec un sourire en venant lui pincer gentiment les côtes.

Tu ne pourrais rien faire de pire que de plus m'aimer, alors je ne suis pas effrayé. Je n'ai pas besoin d'une épilation, je te remercie. Il patiente le temps qu'elle réfléchit puis l'écoute. Tu culpabilises d'être partie ? Tu aurais aimé voir ce qui se serait passé si tu étais restée ou tu n'as pas de regrets ? C'était peut-être des questions qu'elle ne s'était jamais posés, mais Matt savait tapé là où ça faisait mal. Question d'habitude avec son métier. Ah oui quand même, c'est déjà pas mal. Et moi, est ce que je ferai parti de tes invités ou n'aurait-je droit qu'à un faire-part de mariage ? C'est vrai que trouver la bonne personne est le plus important alors tu as disons fait la première étape jusqu'au mariage.
La 9ème... soupira-t-il. On va prendre un taxi alors, mais ça me semble une très bonne idée d'endroit. Ils s'arrêtèrent au bord du trottoir pour surveiller l'arrivée d'un taxi libre.

Honnêtement, ça dépendais de qui je rencontrais et du contexte. Au boulot, je l'ai jamais dit car j'avais peur que ça puisse remonter jusqu'à Lyman. C'était un peu bête surtout quand j'ai traversé l'océan, mais je me disais: on ne sait jamais. Dans mes relations personnelles je ne l'ai jamais dit non plus à vrai dire, mais c'était pour d'autres raisons. Je ne voulais pas à avoir à entendre des questions embarrassantes sur ma situation et le pourquoi du comment. J'estimais que ça ne regardait que moi. Il réfléchit à la proposition de la reconnaître. Evidemment si ta mère n'y voit pas d'objection, alors oui ça me ferait très plaisir. Mais ça serait seulement symbolique, pour moi je suis déjà ton père et aucun papier ne me fera sentir plus cela que maintenant. Prendrais-tu mon nom du coup ? Il hoche un oui. En effet, j'ai suivi la voix du paternel. C'était à la fois une solution de facilité pour moi et même si je devais travailler dans son ombre je gagnais beaucoup d'autonomie. Personnelle et financière. Il ramassait de l'argent et avait pu partir de chez sa famille.

Il rigole dans l'entendant parler comme s'ils parlaient vraiment affaire, ça lui plairait de la voir dans ce genre de milieu. Habillée en tailleur et à devoir gérer des affaires. D'accord. Dans ce cas tu prendras directement rendez-vous avec ma secrétaire pour signer cet éventuel contrat. Ce n'est pas mon boulot de connaître mon emploi du temps. dit-il en faisant semblant d'être hautain. Oui, d'accord, je le reconnais. C'est évident que tu es une grande preuve de notre amour, mais je pense pouvoir parler au nom du couple que je formais avec ta mère, tu n'étais pas un accident. Ni toi, ni ta naissance. Le problème venait uniquement de l'environnement dans lequel tu devais n'être, mais toi tu as été un vrai cadeau de bonheur pour nous deux. Il lève les yeux au ciel. Mon dieu, je ne suis pas sorti de l'auberge alors.

Il en est de même pour moi. Tu n'as peut-être pas souffert par mon absence, mais je sais que maintenant ça ne serais pas le cas. Et je ne veux pas non plus que tu souffres alors je ne ferais rien qui pourrait te donner l'idée d'arrêter de m'aimer. Il tend l'oreille pour l'écouter. Ce sont déjà trois bons points d'être venu ici je trouve. C'est bien analysé. Et je suis d'accord tu vaux tellement mieux que ça, tu mérites quelqu'un qui t'aime vraiment, ma chérie. Il sourit également. Cool, j'adore les mariages et je pense que celui-là restera dans mes mémoires comme l'un des meilleurs si ce n'est LE meilleur. Tu verras en temps propice, tu as le temps comme tu dis toujours. Il la suit au bord du trottoir. Non ça sera très bien, je te fais confiance. Ils montent dans le premier taxi qui les prend et ils se dirigent vers le restaurant, mais le trafic est assez dense. Il se tourne vers Léna. On est quand même mieux ici qu'à marcher dans le froid, non ? demande-t-il pour la faire patienter le temps du trajet.

Évidemment, ma puce. Il faut que tu comprennes que ce n'était en rien à cause de toi, mais uniquement du à ma situation à moi. Maintenant que je sais où j'en suis et que nous sommes véritablement proche toi et moi, c'est normal que je déclare à qui veut l'entendre que j'ai une adorable fille et que je l'aime énormément. Il ne lui avouerait pas, mais c'était plus simple de ne pas parler d'elle à ses proches avant, car il se sentait honteux et l'avoir abandonné et culpabilisait beaucoup. C'est comme tu veux. Je me posais juste la question, mais après ce n'est qu'un détail pour moi mon nom, ça ne change rien pour moi. Et cela il le pensait sincèrement. Tu parles... Ça lui a paru normal pour lui, il n'est pas du genre à montrer sa fierté ou même n'importe quel sentiment à vrai dire. L'inverse aurait été par contre plus incompréhensif pour lui. Il serait surement sorti de son isolement sentimental si j'avais refusé.

Il faut bien qu'elle lui serve à quelque chose sa secrétaire après tout. Ah mais tu auras à faire à moi pour parler des modalités du contrat au travers d'un rendez-vous, mais il te faudra au moins fixer la date de ce rendez-vous avec ma secrétaire. Tu verras c'est une femme vraiment géniale. Il lui retourne son sourire. Oui, tu dis ça maintenant, mais peut-être qu'à l'époque de ton adolescence tu m'aurais envoyé une méchanceté en me disant que tu aurais voulu un autre père. Comme beaucoup d'adolescentes le font pendant leur fameuse crise. dit-il en plaisantant. Oui, je t'aime toute entière.

Tu es tout à fait dans ton droit de la défendre et je n'accepterai jamais qu'elle se sente coupable pour ce qu'il s'est passée. Je sais qu'elle n'est en rien responsable de tout ceci. Il hausse les épaules. Peut-être bien. Il rigole. Je ne saurais vraiment le dire. Je pense que ça sera des bonheurs différents. Je serai heureux pour moi au mien et au tien, mais à ce dernier je serais en plus soulagé de savoir que quelqu'un partagera ta vie, te protégera comme il se doit et saura être parfait pour toi, car je sais que tu ne te lanceras pas sans être certaine d'avoir trouvé le bon. La taxi vers le restaurant poursuit sa route tranquillement. Ils ne tarderont plus à arriver à présent. Mais bien sûr... avec tes chevilles aussi enflées de prétention pas certain que j'aurais réussi à te porter. taquina-t-il.

Je te remercie de ne pas me juger ni de ne pas m'en vouloir. Évidemment que tu ne m'as jamais quitté. Tu es toujours resté là où tu l'as dit, dans ma tête et dans mon cœur. dit-il en gardant son sourire aux lèvres. C'est un bon compromis. Un peu égoïstement, je suis content que tu aies porté le nom de ta mère et non celui de Lyman. Il hausse les épaules. Il faut croire que non. C'était un homme d'un autre temps, tu sais. Mais à présent je sais que plus aucun enfant de la famille ne sera traiter ainsi, j'en suis persuadé. Si il a d'autres enfants, ils n'auront pas cette éducation et il pense que ceux de Léna sauront être aimer comme il se doit.

Il en va de soi. C'est une affaire intime, de famille de surcroît. Cela doit rester confidentiel. Top secret, même. dit-il en faisant semblant d'en faire trop. Rooh Léna... Tu as eu ton quart d'heure de rébellion apparemment.
Mais vu que nous n'avons pas eu la possibilité de le vérifier par nous même, je préfère me dire qu'avec nous trois réunie en une vraie famille, tout aurait été parfait dans le meilleur des mondes. Qu'en penses-tu ? De toute façon personne ne pourra dire le contraire, puisque ça ne s'est pas passé. dit-il d'un ton optimiste.

J'en suis très peiné de l'apprendre, même si je m'en doutais, je pense que je ne voulais pas l'admettre. C'est une femme qui a beaucoup à offrir avec un cœur énorme. Enfin je suppose que tu le sais déjà ça. Elle ne mérite pas de s'enfermer dans le passé. J'espère qu'elle arrivera à dépasser tout ça. dit-il d'un ton compatissant. Je le souhaite ma chérie, de tout mon cœur. Ma fille sera ce qu'elle aura décidé d'être, fera ce qu'elle aura décidé de faire et j'en serais très fier.
Bien sûr. Ça sera un grand moment. Évite d'être enceinte lors de ton mariage, je trouve que cela casse la magie du mariage. Tu peux faire le bébé avant, y a pas de soucis, mais le ventre rond dans la robe de mariée, je trouve que cela ne fait pas mariage d'amour. Tu trouves pas ? Matt laisse Léna payer le taxi et ils sortent donc du véhicule. Je vois, des vrais chevilles de danseuse. Ils arrivent devant le restaurant. Tu veux manger en terrasse ou à l'intérieur ? Après leur choix fait, ils se retrouvent à table. Parle-moi un peu de Benjamin. Il vient d'où ? demande-t-il avec une soudaine curiosité.

Il aurait facilement pu lui raconter les années qu'il avait passé loin d'elle, la souffrance par laquelle il était passé. Toute l'imagination qu'il avait du faire preuve pour s'imaginer des centaines de fois vivre le genre de moments qu'il vivait en ce moment avec elle, mais à quoi bon... Il était lancé dans une volonté de se projeter et la vie lui avait finalement rendu ce qu'il désirait et lui offrait ces moments qu'il avait toujours espérer vivre. Alors évidemment, si Léna le désirait, il lui en parlerait volontiers, mais dans l'immédiat, il préférait la préserver de son passé à lui. Concentrons-nous à créer notre avenir ensemble, cela vaut mieux. dit-il en lui souriant. Oui, Léna Scott sonne bien mieux en effet. C'est un belle façon de voir les choses. Surtout que maintenant, nous sommes soudés et nous nous aimons les uns les autres. Ce n'est pas toujours ainsi dans les familles recomposées. Et tu as encore une fois raison. Une personne devrait avoir beaucoup de chance et d'imagination pour comprendre tout ce qu'il s'est passé dans notre famille. La plupart s'arrêteront sur une fille et son père, et ce n'est pas plus mal.

Je pense qu'elle m'écouterait, mais le déclic d'avancer ne viendra que d'elle même, ma chérie. C'est triste et douloureux pour elle, mais c'est comme ça, on ne peut pas la forcer à être heureuse. Il nous faut rester optimiste, ça viendra tôt ou tard, même si ça peut prendre du temps. Et pour ce qui est d'un autre enfant, je sais qu'elle préfère concentrer tout son amour sur toi. Elle est très fière de toi et t'aime plus que tout au monde. Je sais, elle me l'a dit. Et je pense, qu'elle s'imagine ne pas pouvoir aimer un second enfant. Ce qui dans la tête de Matt est bien évidemment ridicule, mais il comprend qu'elle puisse penser cela et il aimerait qu'elle change d'avis. Il lève la main. Alors je suis une mauvaise langue, je plaide coupable. Je ne peux pas m’empêcher d'imaginer la chose comme ça lors du mariage d'une femme enceinte. Une nouvelle fois à table, il l'écoute parler de sa belle-famille. Des mots encore très rassurants pour Matt qui apprend que le beau-frère de Léna est chef de gang. Il était con avant d'être chef de gang ou c'est ce statut qui l'a rendu ainsi ? Benjamin ne fait rien pour le sortir de ce milieu ? Ce n'est jamais simple de perdre ses parents, mais quand on est ado en plus, ça rend les choses encore plus compliquées.