Ce matin je suis de service, j'ai demandé ma soirée pour sortir avec des amies. Je m'habille relativement vite et profite de la circulation abominable qui me mène de mon appartement d'Harlem au pub de mes parents. Les premiers clients sont déjà là, les cafés, gaufres et oeufs divers volent dans tous les sens jusqu'à onze heure, après arriveront les clients du déjeuner. J'ai cependant le temps de grignoter un petit sandwich aux oeufs et bacon préparer par ma grand-mère qui trouve (comme toutes les grands-mères) que je suis trop fine.

Il doit être environs treize heure quand je vois un policier entrer dans le pub, je sais qu'en général ils sont assez pressé donc je prend mon petit carnet hors de ma poche et je m'approche de l'agent. Il est jeune, probablement mon âge, je lui sourit en lui souhaitant la bienvenue.

Bienvenue au Connolly's , est-ce que vous désirez manger ou juste boire un verre ? Les plats de ma grand-mère sont à se damné !

Bien entendu que Granny fait des plats succulents, enfin si on aime la nourriture irlandaise mais ça c'est un autre débat. J'adresse un petit sourire avec un clin d'oeil amusé à mon nouveau client en attendant sa réponse. En général nos clients sont souvent les même, enfin à cette heure. J'aime beaucoup les nouveaux visages, ce sont de nouveaux défis, il faut qu'on arrive à séduire le client pour qu'il revienne et sans me vanter je suis plutôt bonne à ce jeux.

Le policier s'installe et une partie de moi le jalouse. J'aimerais retrouver l'uniforme, mais je ne serais peut être plus jamais marines alors ... il me demande de l'eau et la carte en assurant qu'on lui a parler de nous. Je souris malicieusement, c'est vrai que nous avons quelques clients policiers. J'hoche positivement la tête et retourne vers le comptoir en prenant une carafe d'eau avec des glaçons et un menu. Chez nous l'eau c'est gratuit, c'est tellement rare que des irlandais en boivent qu'on ne risque pas la faillite.

En déposant la carafe sur la table je ne peux m'empêcher de voir une boîte de médicaments.

immuno-suppresseurs ? J'ai vu beaucoup de personnes en prendre, j'espère que vous supportez bien le traitement.

Je dis ça sans arrière pensée, j'ai déjà vu ça plusieurs fois à l'armée et parfois certains avaient des problèmes.

je vous laisse faire votre choix ...

Ce genre de traitement est parfois lourd pour certaines personnes, mais lui semble plutôt bien le supporter et je souris, tant mieux après tout. Quand il dit que les petits désagréments sont nécessaires car sans ça il ne serait plus de ce monde j'ai une sensation étrange au fond de mon coeur et de mon ventre. Après tout c'est vrai que sans ça il ne serait plus de ce monde mais une réponse s'échappe de ma bouche et à peine les mots ont il franchit mes lèvres que je fond en excuse.

c'est sur que vous avez plus de chance que le donneur probablement ... oh mon dieu ... pardon pardon ... je suis désolée.

Je plaque la main sur ma bouche et mon regard s'embrume, je ne peux m'empêcher de penser à Tim qu'on a découper en petits morceaux pour offrir ses "pieces" à d'autres personnes.

en léger nous avons une salade spéciale et ... désolé je vous envoie quelqu'un d'autre ...

Je fais volte face et me précipite vers le bar d'où ma mère à tout vu et probablement entendu,je fais juste un signe de main pour qu'elle ne me parle pas et je me réfugie derrière pour pouvoir reprendre mes esprits. Pourquoi est-ce que j'ai réagit comme ça ?
Ma mère s'est décidée à prendre en charge notre client.

- je suis désolée de cet incident monsieur l'agent, excusez ma fille, elle n'a pas toujours vu de jolies choses à l'armée et elle reste parfois ... impulsive . Je peux vous conseillez un petit steak irlandais avec des frites et de la salade, c'est relativement léger ou alors une salade. Le reste de notre carte risquerait de vous endormir .

Ah ma chère maman, elle entend tout, écoute tout et trouve toujours le courage de me défendre quoique je fasse.

Mon frère dirait que je suis une catastrophe ambulante, que j'ai une espèce de diarrhée verbale qui m'empêche d'être correcte avec les autres, moi je pense simplement que je suis un peu trop vive et naturelle. Je suis impulsive et entière dans ce que je ressent. Quand j'ai dis ce que j'ai dis, je le pensais, mais bien entendu je n'aurais jamais dut le formuler à voix haute. Je m'en veux et je regarde discrètement ma mère me sauver la mise. Il demande notre dessert phare et je souris, on lui a recommandé les bonnes choses. Ma mère aquiesce et revient vers le bar en souriant poliment. Je sens que je vais encore me prendre une belle engueulade ce soir.

- Jezabel Margaux O'Kelly ! Je peux savoir ce qui ta pris de parler comme ça a ce jeune homme ?

Bien sûr maman que tu vas le savoir, je croise les bras sur ma poitrine et prend un air un peu hautain, le même que je prenais quand j'étais petite et que je faisais une connerie, ce même air qui signifie : oui j'ai fais une connerie, mais je ne m'excuserais pas.

Je n'en sais rien ... enfin si ... il a eut une greffe et puis je sais pas, j'ai pensé à Tim et voilà, il a eut la chance que mon fiancé n'a pas eut c'est tout.

Contre toutes attentes ma mère ne m'engueule pas, elle me prend dans ses bras et me caresse les cheveux, je soupire.

- Tu es tellement forte, que parfois on oublie que tu as été blessée. Chérie, vas expliquer à cet homme, il ne semble pas bien méchant et il ne m'hérite probablement pas ce genre de réflexion. La vie lui à accordé une seconde chance, elle t'accordera celle d'être heureuse un jour, si tu te laisse cette chance.


Je souris et je sais qu'elle fait référence à mon dernier petit amis en date, un joueur de foot très en vue qui était adorable mais que j'ai gentiment congédié. Un jour peut-être que je trouverais un homme qui me conviendra. En attendant je prend mon courage à deux mains et prend la direction de mon pauvre client malmené.

Heu ... je vous pries de m'excuser pour ce qu'il vient de se passer, je ... je ne suis pas si virulente d'ordinaire.

J'essaie de prendre mon air de chien battu et fini par poser une fesse sur la chaise faisant face au policier.

mon ... mon fiancé est décédé il y a trois ans, il était donneur et j'ai parfois un peu de mal avec le fait qu'on lui ait retiré la moindre cellule de son corps. Ceci dit, je trouve formidable que d'autre personnes puissent vivres, mais c'est juste que ... parfois je suis égoïste et je trouve ça injuste. Il était beaucoup plus courageux que moi... Bref, je suis vraiment désolée je ne voulais surtout pas vous blesser.

En me relevant je lui sourit, un sourire sincère et à des kilomètres de celui commerciale que j'offre d'ordinaire. Je fais quelques pas et me retourne vers lui.

Votre repas vous sera offert pour me faire pardonner... Je m'appel Jezabel en passant !

Le policier semble comprendre et ne pas trop m'en vouloir, je lui sourit et quand je lui annonce que son repas sera offert il décline l'invitation en prétextant qu'il n'a pas subit un si gros traumatisme, je lâche une petit rire et fais un signe de tête quand il me donne son prénom.

Il me semble avoir remarqué un changement dans son regard quand je lui parle de Tim, mais après tout c'est peut être de la compassion. La cloche de la cuisine retentit et je lui apporte son assiette.

bon appétit Jamison

Cette altercation m'a secouée et je me sens bizarre, je prend un verre d'eau avec une aspirine, je garde quelques petits séquelles de ma carrière militaire. Mon père me lance un regard inquiet, je lui sourit certaine que ma mère lui a déjà raconté cette aventure. Je jette un regard vers les tables et en débarrassent la majorité pour terminer à la table du policier.

est-ce que ça c'est bien passé ?

Je lui souris, ce n'est pas rare que nos plats calent l'estomac, on fait toujours des quantités astronomiques.

si vous souhaitez votre part de tarte on peut toujours la mettre dans un petit plat à emporter, comme ça vous l'aurez pour plus tard !

C'est une chose qu'on fait fréquemment, je saisis l'assiette vide et vais la porter en cuisine avant de revenir vers le policier profitant d'un petit moment calme.

ça fais longtemps que vous avez subit votre greffe ?  

Quand on s'appelle Jezabel O'Kelly on ne fait pas dans la dentelle, je suis curieuse, c'est une curiosité poussée par un sentiment étrange. Quand je regarde Jamison c'est comme si je l'avais déjà vu, ce n'est pas dans le physique ni dans le regard, c'est au delà de ça, c'est très perturbant pour moi.

En ramenant la part de tarte, je lui demande depuis qu'à d il est greffé et il me répond honnêtement sans avoir l'air gêné. Sa réponse me donne un nouveau choc, je blemit et ouvre de grands yeux. C'est la date de mort de Tim, mon Tim.

《 pitié ne me dit pas que c'était à Mont Sinai 》

Ce n'était pas vraiment une question pour lui, parce que je sais qu'au fond même si c'était dans l'hôpital le plus éloigné ils auraient fait démarrer un helico. Toujours pâle je suis désormais presque certaine que le coeur de cet homme est celui de mon fiancé. Je pose une fesse sur la chaise libre et pose les mains sur mon visage. Ma vie est un bordel incroyable.

《 désolée mais là niveau coïncidence ça devient lourd ... 》

Le jeune homme semble un peu confus, je ne peux pas lui en vouloir d'ailleurs, voilà dix minutes qu'il s'en prend plein la figure. Je suis comme ça, ce n'est ni méchant ni volontaire, c'est juste que je suis perdue là. Je souris néanmoins en le regardant quand il dit que nous avons des points communs.

je ne l'aurais pas dit comme ça, mais c'est une manière de voir les choses...

Je lui adresse un magnifique sourire sincère, il n'y est pour rien et je sais que ma réaction à été au combien démesurée. Ça fait partie de moi malheureusement.

je voudrais vous présentez des excuses, je ... je sais que j'ai été stupide et même ignoble et je vous promet que je suis de bien meilleure compagnie d'habitude...

iil accepte mes excuses en prétextant que je n'ai pas besoin d'en donner. Il continue et mon visage se ferme une nouvelle fois. Instinctivement je tourne mon regard vers sa poitrine et je me demande si je pose l'oreille si le battement serait familier avant de me reprendre : t'es cinglée Jazz !

ce ... je crois que c'est beaucoup de coïncidences qui tendent vers une certitude... mais en voyant le bon côté, vous me semblez quelqu'un de bien. Tim aurait adoré le fait que vous êtes policier. Il avait beaucoup de respect pour les forces de l'ordre...

Je force un nouveau sourire,j'essaie de voir le côté positif. J'aurai été anéantie si jamais le coeur de mon fiancé c'était retrouvé dans un malfrat.

jazz t'es pas en congé

Je lève la tête et regarde mon père en levant les yeux au ciel.

désolée, je dois y retourner. Vous souhaitez quelque chose d'autre ?

Il me sort une carte de sa poche avec son nom et son numéro de téléphone, précisant que si j'ai envie de l'appeler je peux. Je souris gênée en prenant la carte, je regarde son identité et la que je dépose dans la poche de mon jeans. Merci beaucoup, je ... promis si je vous appel je serais plus agréable ! Je suis vraiment désolée et n'hésitez pas à revenir nous voir. Je fais demi-tour vers le comptoir et regarde par dessus mon épaule le policier qui remballe ses affaires, j'hésite un instant puis note rapidement mon numéro sur un bout de papier avant d'aller lui donner si un jour vous avez envie aussi, on ne sait jamais... voilà mon numéro dis-je en lui souriant avant de repartir au travail légèrement bouleversée par cette rencontre et avec un sentiment étrange au fond de moi.

--- terminé ---