Bien que j'étais loin de tenir ma forme des beaux jours j'avais néanmoins accepter de rencontrer Jamison et puisque pour l'instant Allison ne semblait pas être trop entichée par l'idée que je puisse reprendre mes activités professionnelles je me devais de demeurer à la maison ce qui ne pouvait que m'emmerder royalement. J'avais donc proposé à Jamison de venir me voir chez moi, j'avais eu vent que le jeune homme avait eu des ennuis suite à notre dernière rencontre et je ne pouvais que m'en vouloir car après tout il n'avait fait que son travail.

Lorsque j'entendis sonner à ma porte je me dirigeai vers celle-ci afin d'aller y répondre … bien sur ma démarche lente et nonchalante ne pouvait que témoigner de mon état de faiblesse qui prévalait bien que mon opération datait de plus d'un mois et je finis par ouvrir la porte.

Bonjour Jamison, allez entre. Lui dis-je tout en me mettant sur le côté afin de lui permettre d'entrer. Je suis ravi de te revoir. D'un geste de la main je l'invitai à passer au salon. M'installant sur le sofa j'attendis qu'il fasse de même. Alors mon cher de quoi désirais-tu m'entretenir?

Je pouvais m'apercevoir que Jamison s'en faisait pour cette histoire mais pourtant en ce qui me concerne je ne lui en tenait pas le moindre rigueur, il avait fait ce qui devait être fait du moins c'était ce que je comptais dire si jamais on me demandait de donner ma version des faits. Tu sais tu n'as pas à t'excuser parce que pour ma part tu as fait exactement ce qu'il devait être fait.

Continuant d'écouter ce qu'il me disait je perdis mon sourire lorsqu'il m'expliqua les conséquences de ce geste qu'il avait posé et je ne pouvais que m'en vouloir terriblement. Tu sais tout aussi bien que moi que c'était la seule solution, ce gars là était un fou – un désaxé – si tu ne me tirais pas dessus afin d'obtenir ensuite une cible sur le teneur d'otage qui sait comment le tout se serait terminé? Tu l'as vu aussi bien que moi … le mec paniquait. Crois-moi c'était ma troisième prise d'otage et je savais que le tout risquait de tourner mal donc en me tirant dessus tu m'as offert une porte de sortie et je me dois de t'en remercier. Je réalisai que d'une certaine façon nous étions pareil lui et moi, il nous était difficile de s'affranchir de la rigueur de nos pères. Souvent les pères sont bornés je sais de quoi je parle le mien était tout un cas. Je lui souris amicalement. Cesse de t'en faire à ce sujet et puis je reprends du mieux donc le drame a été évité. Je me levai afin de me diriger vers le bar. Tu veux boire un truc? Allison n'était pas là pour me rappeler à l'ordre alors aussi bien en profiter. Tu dis rien à ma petite amie hein? Elle risquerait de me faire la morale sur le fait que je ne devrais pas boire alors que je viens à peine de sortir de l’hôpital. Je lui souris amusé.

Je me doutais que la situation ne devait pas être simple pour Jamison j'avais vécu ce genre de situation de nombreuses fois avec mon père alors qu'au nom d'un conflit inter générationnel nos visions diamétralement opposées finissaient par s'affronter. Plutôt que de m'aventurer sur un terrain glissant je préférai ne rien ajouter car après tout chaque situation est différente et il serait mal avisé de ma part de la banaliser en me permettant de la comparer avec ce que je pouvais bien avoir vécu par le passé.

Lorsqu'il s'approcha du bar afin de me dire de ne pas trop m'en faire et que d'une certaine façon nous étions dans la même situation je ne pus que lui sourire. C'est pas simple n'est-ce pas? Je pris la bouteille de scotch afin de nous servir deux verres et je lui en tendis un. Santé vieux. Je pris mon verre afin de le porter à mes lèvres pour ensuite le poser sur le comptoir.

Je ne pus qu'adresser un sourire fort amusé en direction de Jamison lorsque ce dernier m'adressa une question sur le scotch que je venais de lui servir, en fait il s'agissait d'avantage d'une constatation que d'une question mais néanmoins je ne comptais pas le laisser dans le noir à ce sujet. En effet il est très corsé il faut dire que cette bouteille de Scotch, vieille de plus de 100 ans, est importé directement des Highlands. Je lui souris de nouveau et je portai mon verre à mes lèvres histoire d'en prendre une autre gorgée. Durant ton arrêt de travail forcé tu as de quoi t'occuper? Derrière cette question pour le moins banale je tentais de voir si je pourrais lui venir en aide car d'une certaine façon je n'étais pas sans m'en vouloir de le savoir dans cette situation.

Je n'ai jamais éprouvé le moindre respect pour les riches qui s'évertuaient à afficher leur bonne fortune, j'ai toujours trouvé que ce comportement empreint d'une profonde arrogance pouvait avoir ce petit je ne sais quoi de malsain c'est pourquoi je préférais m'en abstenir cependant cela ne signifiait pas que je n'appréciais pas le luxe, loin de là, simplement que je ne prenais plaisir à l'afficher.

Plus j'écoutais Jamison plus je me reconnaissais en lui un peu comme si d'une certaine façon, malgré les classes sociales qui nous différenciaient, nous nous ressemblions plus que nous serions porté à le croire. Je lui souris lorsqu'il me parla de sa femme qui allait bientôt accoucher et des médecins qui ne semblaient pas le lâcher d'une semelle.

Toutes mes félicitations au futur papa ainsi qu'à la future maman. Oui les médecins j'y connais un rayon, surtout que ma petite amie pratique ce métier, moi j'ai un médecin sur le dos 24 heures sur 24.

Je fus surpris par son aveu lorsqu'il me parla de la délicate intervention chirurgicale qu'il avait subit. Donc d'une certaine façon c'est une bonne chose que tu sois suspendu de tes fonctions, le stress étant mauvais pour se remettre d'une chirurgie cardiaque. Pour ma part c'est légèrement différent, tu vois on m'avait greffé un cœur mais lorsque j'ai su qui était le donneur – surtout que je n'avais jamais consenti à une telle opération – j'ai menacé le médecin de le traduire en justice et de faire en sorte de bousiller sa carrière à moins qu'il ne me retire le cœur que l'on m'avait greffé. Je poussai un soupir. Puisque mon ancien cœur avait été traité en tant que déchet médical inutile de te dire que la situation fut pour le moins explosive mais bon au final j'ai gagné et maintenant je vis grâce à un cœur artificiel. Ma petite amie m'a longtemps remis mon choix sur le nez me taxant d'être un peu trop rancunier mais tant qu'à vivre avec les impacts d'une décision aussi bien que la décision soit mienne.

Je tentai de changer de sujet de conversation car je trouvais qu'elle n'était pas très gaie. Toutes mes excuses je dois t'ennuyer. Je m'efforçai de lui sourire. T'as de quoi tenir le coup financièrement depuis que ton père t'as suspendu de tes fonctions? Enfin avec une femme sur le point d'accoucher ça ne doit pas être évident. J'avais bien une idée derrière la tête, j'en ai toujours une, mais avant toute chose je me devais de m'assurer que ma proposition tombe à point nommer.

Un nouveau né arrivant sous peu dans une famille était quelque chose digne de mention et je ne pouvais que le féliciter , je lui souris lorsqu'il me dit que c'était néanmoins une arrivée non planifiée. Certaines surprises sont tout de même plus agréable que d'autres.

La question de Jamie ne fut pas sans m'amuser, bien qu'elle reposait sur une interrogation plus que légitime, lui il avait eu l'opportunité de recevoir un cœur humain mais puisque dans mon cas les cœurs compatibles se faisaient rare et que je n'avais pas voulu du seul cœur compatible se présentant je dus me résoudre à faire confiance aux avancés scientifiques bien que j'en connaissais la nature expérimentale. Et bien pour ma part les cœurs compatibles se faisant rares, voire inexistant, j'ai finis par faire confiance aux scientifiques bien que le tout pour le moment ne repose que sur bien peu de tests cliniques je suis donc un cobaye. Pour répondre à ta question je ne vois pas de différence majeur sauf la crainte de voir le cœur s'arrêter à tout moment puisque , comme tu le dis si bien, il s'agit d'une machine qui, de surcroît , n'a jamais été testée auparavant sur aucun être humain. Je pris un moment d'arrêt. T'en fais pas aucune question n'est idiote.

C'était gentil à lui de me faire comprendre que je ne l'ennuyais pas bien que d'une certaine façon j'en gardais néanmoins l'impression. Changeant de sujet j'entrepris d'aborder une question plutôt délicate , la question touchant l'aspect financier , et rapidement je compris de par son regard que je venais de toucher un truc sensible mais pourtant je ne cherchais pas à l'offenser. Je m'étais permis de m'avancer sur ce terrain car , d'une certaine façon, je me sentais coupable de lui avoir causé tant d'ennuis. Je suis conscient que ma question est délicate, voir même déplacée, mais malgré tout je ne parviens pas à cesser de me faire des reproches pour ta situation. Je suis néanmoins soulagé de savoir que tu n'es pas dans le besoin mais si jamais je peux te venir en aide, d'une façon quelconque, et t'éviter de braquer une banque j'en serais bien heureux. Je lui fis un sourire amusé. Une condamnation pour vol ça ferait tâche sur ton dossier. Je lui donnai une tape amicale sur l'épaule.

Rapidement je réalisai que ma proposition, bien que je n'avais pas encore eu l'occasion d'en partager les détails avec le jeune homme, risquait de provoquer un malaise alors plutôt que de courir le risque d'offenser Jamison je préférai ne pas y donner suite … après tout je ne voulais pas heurter la fierté de mon visiteur. D'accord. Lui dis-je tout en lui adressant un sourire quasi amical et je le vis ensuite jeter un coup d'oeil en direction de son téléphone avant de le ranger.

Le jeune homme me demanda alors comment c'était déroulé mon entretien avec son père ajoutant même qu'il n'avait rien voulu lui dévoiler à ce sujet. Je me sentais mal à l'aise de ne pas avoir su influencer son père dans la décision qu'il avait pris le concernant d'autant plus qu'il ne m'arrivait que peu souvent d'échouer dans ce genre de situation … il faut dire que habituellement la simple évocation du nom Trump suffit à influencer même les plus intransigeants mais cette fois je trouvai chaussure à mon pied. Tu vois j'ai tenté d'interférer en ta faveur alors que j'ai tout fait afin d'emmener ton père à réaliser qu'il manquait de jugement en fermant le dossier sans tenir compte de ma version puisqu'en fait j'étais le principal témoin dans cette affaire. Je le regardai désabusé par cet échec plus que cuisant. Il est plutôt dans le genre borné ton père je me trompe? D'une façon je n'étais pas différent puisque lorsque je prenais une décision rien ni personne ne pouvait m'en dissuader mais bon ce n'était pas de moi que l'on discutait.

Je préférai m'abstenir de tout commentaires lorsque le jeune homme me parla de l'aspect borné de la personnalité de son père et de son grand frère car après tout je n'en voyais pas la pertinence et c'est alors qu'il me remercia néanmoins d'avoir tenté d'interférer en sa faveur … c'était la moindre des choses, du moins à mon avis.

Tu sais sans vouloir manquer de respect à l'égard de ton père je suis d'avis qu'il ne sait pas de quoi il parle. Tu vois ce n'était pas la première fois que je servais d'otage, cela m'est arrivé à trois reprises, donc d'une certaine façon – au nom de l'expérience acquise – je crois que je suis plus qualifié que bien des flics pour m'exprimer sur la manière de se comporter dans de telles situations. C'est bien beau les ordres, les cours de psychologie de l'académie, mais tu sais tout aussi bien que moi que toutes ces conneries ne valent rien comparé au fait de vivre l'expérience. Il faut avoir passé par là pour comprendre que le mec qui tient le flingue est tout aussi paniqué que ses victimes et qu'il se nourrit de leur peur … en te demandant de me tirer dessus c'était une façon de reprendre le contrôle et de montrer à cet abruti qu'il ne me faisait pas peur mais ça c'est une théorie que ton père ne veut pas entendre car ça remet en doute la pertinence de sa façon de faire. Je lui souris. Les vieux sont tous pareils … réfractaire à toute forme de changement.

Ce genre de discussion se voulait difficile je lui souris donc lorsqu'il aborda un autre sujet mais mon sourire s'estompa à l'écho du nom de famille qu'il venait de prononcer.

Oui je les connais. Les Sanfino avaient tenté d'infiltrer l'entreprise familiale et il m'avait fallu m'impliquer personnellement afin de leur faire comprendre que jamais je ne les laisserais s'emparer de la moindre parcelle de ce qui nous appartenait … d'ailleurs j'y avais presque laissé ma peau.

L'import export n'est qu'une façade en fait ils œuvrent dans le trafic d'armes et leurs tactiques d'intimidations sont bien peu subtiles. Ils avaient tenté de se porter acquéreur d'une série de navires que je désirais vendre et lorsque j'ai su ce qu'ils tenteraient de faire un coup l'acquisition de la flotte ratifiée j'ai fait invalider le contrat de vente inutile de te dire qu'ils n'ont pas apprécié.

Moi qui croyait que la discussion à propos de nos pères respectifs avait été lourde et pénible je n'avais encore rien vu. En effet je m'attendais à tout sauf au fait que Jamison ne me parle des Sanfino … j'avais tout fait pour oublier ces crapules et voilà que bien malgré moi je voyais mon destin croiser le leur à nouveau. Ressentant une certaine appréhension je finis par regarder Jamie lorsqu'il demanda, ni plus ni moins, que de tenter de lui arranger le coup … je pouvais assurément flairer le danger pour nous deux. Il faut dire que la fille aînée des Sanfino est une femme dont le pouvoir de séduction n'a d'égal que sa cruauté et vous pouvez me croire sur parole lorsque je vous dis que je donnerais tout pour ne pas avoir à la croiser de nouveau.

Je ne sais pas Jamie c'est vraiment dangereux, surtout pour toi, tu l'as dit toi même tu es suspendu donc si tu fonce c'est en tant que civil que tu vas t'y aventurer mais bon je présume que tu sais ce que tu fais. Je pris une pause. Inutile de te rappeler que la fille aînée des Sanfino est très dangereuse, surtout depuis qu'elle a pris les rennes de la famille? Je pris une pause. J'imagine que je te dois bien ça vu les risques que tu as pris pour moi. Je vais te mettre en contact avec Richie, l'homme de main des Sanfino, ensuite ce sera à toi de jouer.Je le regardai l'air sérieux. Une dernière faveur pas un mot de tout ça car si ça se rend aux oreilles de ma femme je suis foutu … elle veut même pas que je bosse alors foutre mon nez dans des histoires de mafia t'imagine même pas sa réaction. Je lui fis un sourire en coin.

Écoutant Jamie discuter de la famille Sanfino et , bien évidemment , de celle qui maintenant en dirigeait les destinés je n'avais pas pu m'empêcher de me laisser absorber par mes souvenirs … peu de gens le savait mais les Sanfino étaient derrière ce kidnapping dont j'avais été victime à l'âge de 14 ans … une tentative d'extorsion dans les règles de l'art. Alors lorsque mon invité parla de cette famille je ne pus que me montrer fort peu attentif puisque le simple fait de me remémorer ce calvaire était de nature à me remuer plus que je ne m'y aurait attendu.

L'entendant me dire que le fait de fréquenter une mafieuse serait mal vu pour un flic je ne pus qu’acquiescer à ses propos et c'est alors qu'il me dit qu'il comptait bien se taire à condition que j'en fasse de même … d'une certaine façon je n'aimais pas qu'il me parle sur ce ton … après tout il avait plus besoin de moi que moi de lui dans cette histoire mais bon je préférais ne pas trop m'étendre sur cette question … je me devais d'éviter toute forme de tension bien que j'avais fini par comprendre que c'était une forme de plaisanterie de sa part.

Fait tout de même gaffe c'est le genre de chien qui mord et qui ne lâche pas prise. Je pris un profond respire avant de me lancer. Je vais donc communiquer avec Bianca, l'inviter à déjeuner prétextant une discussion strictement professionnelle et je vais tenter de te pistonner … je te tiendrai au courant pour la suite des choses. Je le regardai un instant. Interdiction de me mettre un micro ou tout truc de ce genre de toute façon les Sanfino s'en rendrait compte et je me prendrais une balle dans la tête. Si je devais collaborer les choses allaient devoir se faire à ma façon.

D'une certaine façon, tout aussi étrange que cela puisse paraître, Jamison et moi nous ressemblions sur plus d'un point puisque tout deux semblions être des idéalistes dans l'âme et que bien que nous semblions prêt à tout – même aux trucs les plus stupides – il nous semblait quasi impossible de trouver grâce aux yeux de ces pères que nous n'étions pas sans idolâtrer. Au moins Jamie avait encore la possibilité de rattraper le coup, une opportunité qui me faisait défaut puisque le mien reposait maintenant deux mètres sous terre. Bien que nous étions différent tant par nos métiers que par nos rangs sociaux respectifs nous n'en étions pas moins sur la même longueur d'onde et puis il faut dire que tout deux avions côtoyés des gens bien peu fréquentables de par le passé. J'avais accepté de me servir de mon réseau de contact afin de le mettre en communication avec des truands notoires mais j'avais posé mes conditions et je fus soulagé de voir qu'il avait le même regard que moi sur cette situation.

Ces gens là on la gâchette facile, vaut mieux éviter de les énerver. Bien sur je lui avais dis ça avec un brin d'ironie dans la voix.

Ce qui était bien dans cette relation que nous avions fini par établir était que nous nous comprenions sans devoir tout expliquer, le fait qu'il avait tout compris du second degré sous jacent à ma plaisanterie s'en voulait une bien belle preuve. Je lui souris lorsqu'il fini par de donner le numéro de téléphone correspondant à sa fausse identité D'accord.

Le regardant noter le numéro je l'entrai directement dans mon téléphone intelligent, l'inscrivant sous le pseudonyme de Jimmy, et je pris un briquet afin de brûler le fameux papier. C'est plus sur comme ça, il faut éviter de laisser la moindre trace. Je me surprenais à causer comme un mec possédant une expérience de ce milieu. Je lui souris lorsqu'il me demanda s'il y avait d'autres détails que je désirais connaître. Tu sais quoi ? Je crois que dans ce genre d'opération moins j'en sais mieux c'est pour ma sécurité. Je me trompe? Je n'étais pas né d'hier et puis ce n'était pas la première fois que je me trouvais appelé à frayer avec des gens peu recommandables.