Assis dans la salle, je regardais mes mails. Je n'aimais pas spécialement attendre mais je devais faire avec. Les psychiatres à l'instar des juges avaient un emploi du temps plus que chargé. Je me demandais d'ailleurs comment j'avais réussi à caller ce rendez-vous bimensuel dans mes agendas. Mais je n'avais pas vraiment le choix. Je devais me faire une raison et je devais accepter de me faire aider. Je remarquais que l'absence de mon épouse était devenu plus supportable. Pour autant, je n'étais toujours pas guéri d'elle, même 5 ans après.

Laissant échapper un léger soupire, je sentais de l'agitation dans la pièce d'a côté, signe que la séance précédente allait se terminer. Je n'aurais jamais pensé être homme à attendre ce type de rendez-vous. J'avais été le premier surpris à parler lors de ses séances, à travailler sur beaucoup de chose et à constater les conséquences de mon adoption. Moi qui avait toujours cru que j'avais été le plus heureux des enfants, ma vie avant l'adoption hantait pourtant certaines de mes décisions. fermant le mails dont j'avais fini la lecture, je me redressais en laissant mon téléphone tomber dans la poche de mon manteau.

Si il y à bien un patient dont Brooke ne pensait jamais avoir la charge c'est un juge. Et pourtant il ne faut jamais dire jamais. Pendant ses années de psy au sein de la scientologie, elle à eu des magistrats, des avocats etc, mais qui faisait parti de leur congrégation. Un juge extérieur non et pourtant. Mais ce n'est pas déplaisant, ça la change un peu. Depuis qu'elle travaille aussi à l'hôpital, elle peut voir autre chose.

Aujourd'hui, elle à plusieurs séances ça à commencer ce matin avec un jeune adolescent rebelle et ça se finira en fin d'après midi avec une jeune infirmière du service des urgences. Mais entre ce matin et cette après midi, il y à tout le restant de la journée avec ses autres patients.
L'une de ses séances est d'ailleurs entrain de se finir, Brooke ferme le dossier pendant que le patient remet sa veste et se levant, elle le raccompagne à la sortie en lui souhaitant une bonne journée avant d'allez voir au secrétariat le prochain rendez vous et de chercher le patient suivant en salle d'attente.

Bonjour Mr Harriman, c'est à nous.

Jamais je n'aurais penser prendre la décision de suivre une psychothérapie. Mais depuis la mort de ma femme, il y a plusieurs années, je n'arrivais pas à faire le deuil. J'en avais pris conscience et je ne pouvais pas faire l'autruche. Je n'avais jamais été du genre à me cacher. Assis, je ne pouvais cependant m'empêcher d'être nerveuse. Je l'étais toujours avant un rendez-vous, c'était assez étrange, soyons honnête.

La porte fini par s'ouvrir et je vis le docteur Becker. Il s'agissait d'une charmante jeune femme. Je ne me souvenais plus vraiment comment j'avais fini par me faire suivre par elle, mais c'était ainsi. Je savais qu'elle était membre de la scientologie et de ce fait, je me montrais très attentif à ne pas me laisser influencer sur certain aspect. Jusqu'à présent, je n'avais pas eu  à m'inquiéter.

« Bonjour. » Me levant, je la saluais d'un mouvement de la tête, et je la suivais dans son cabinet. Retirant mon manteau de feutrine, je le posais sur une chaise avant de m'installer. « Comment allez-vous ? » je savais que ce n'était pas à moi de poser des questions, mais il me semblait qu'il s'agissait de politesse élémentaire que de poser cette simple question.

Brooke fait partie de la scientologie, elle ne le cri pas sur les toits, mais elle ne le cache pas non plus, car pour elle ce n'est pas une honte. Elle est comme ça depuis qu'elle est petite, même si elle à réussi à éviter à sa fille d'en faire partie en la faisant passer pour morte, un secret qu'elle garde pour elle.
Elle sait ce qu'il s'y est passé il y à quelques mois , mais elle sait aussi qu'elle n'avait rien à voir la dedans. Comme tout le monde, elle l'as apprit quand le scandale à éclater, même si elle est la compagne de l'ancien chef de la scientologie de Londres, elle n'interfère pas dans ses affaires. Elle se contente de faire son travail quand on le lui demande et d'outrepasser ses droits si vraiment elle n'est pas d'accord.

Après avoir raccompagner la patiente, Brooke appelle le suivant qui ne tarde pas à répondre, elle lui sourit quand il passe près d'elle.
Bonjour Mr Harriman, vous connaissez le chemin, n'hésitez pas à vous installez à votre aise. dit elle en l'invitant à faire comme chez lui avant de prendre place à son bureau. Un peu fatiguée mais je vais très bien merci de demander. Et vous ? Comment allez vous ?

Venir discuter régulièrement ici me faisait du bien, je le sentais. Mais je n'avais pas réellement la sensation de faire des progrès. J'essayais de suivre les conseils et les sortes de devoir que me donnait le Docteur Becker, mais j'échouais parfois. Mon plus gros problème était sans doute ma relation avec ma fille qui était toujours aussi fermé. Retirant mon manteau, je le posais soigneusement sur le rebord d'un fauteuil avant de m'y installer en ouvrant ma veste de costume.

« Je pense que je vais bien. » Je m'étais à présent beaucoup de conditionnelle à présent dans mes propos car j'avais vite compris que je me mentais à moi-même. « J'ai discuté avec une jeune femme coréenne il y a quelques jours. » dis-je simplement ne sachant pas pourquoi je souhaitais exprimer ce détail.

Brooke n'est pas là pour dicter la conduite de ses patients, elle est là pour les écouter se confier, les conseillers, les aiguiller, mais jamais elle ne leur dira quoi faire. Elle sait qu'ils sont assez grands pour savoir eux même la meilleure des choses à faire, mais qu'ils ont juste parfois d'un petit coup de pouce ou d'une oreille compatissante qui est là, qui les écoute, sans les juger.
Après l'avoir fait entrer dans le bureau, elle l'invite à s'asseoir et prend place elle aussi.

Vous avez l'air d'allez bien, vous me sembler être serein.dit elle en souriant.
Comme toujours elle à débuter la séance en demandant des nouvelles de son patient ce qui lui semble être le plus important, mais par la suite, elle ne fait pas comme ses collègues qui leurs posent des questions, non, elle les laisse commencer d'eux même. Si ils ont envie de parler, elle est là, si ils ont juste envie d'être là et de regarder le mur derrière elle, elle les laisse faire aussi.
Quand il commence, elle écoute et sourit à ce qu'il dit. Ca c'est une bonne chose si vous vous faites de nouvelles connaissances. Une discussion qui s'est bien passée ?

Mon psy me trouvait serein. Je ne savais pas si c'était réellement le bon terme, mais je n'étais pas surpris de donner cette impression. J'avais cette capacité étrange d'afficher un visage neutre et sans émotion sans grande difficulté. Il était parfois assez difficile à me cerner et compliqué pour moi de m'ouvrir. Cela faisait plusieurs mois que je voyais la jeune femme et elle avait appris malgré tout à ouvrir ma coquille. Il faut dire que si je voulais que cela marche, je devais accepter de me confier même si ce n'était pas une chose naturelle du tout.

Elle semblait contente d'apprendre que j'avais fait une nouvelle connaissance. « Notre conversation est restée relativement neutre. Elle vient du mauvais côté de la Corée et a réussi à se reconstruire ici. » Je ne voulais trop en dire pour respecter l'intimité de la jeune femme. Cependant, je ne pouvais pas nier que cela avait une certaine importance. « Depuis ma nourrice, je n'avais jamais réellement eu une discussion avec une personne... comme moi. » dis-je doucement, le regard dans le vide.

J'aimais mes parents mais ils étaient occidentaux et m'avaient éduqués ainsi. Ils avaient tout fait pou que je connaisse mes origines, que j'apprenne le coréen et les coutumes coréennes grâce à une nourrice coréenne. Mais une fois adulte, je n'avais pas maintenu ce lien. « Nous avons mêmes discuter en coréen... ce qui m'était pas arrivé depuis longtemps non plus. » ajoutais-je finalement. Cette rencontre m'avait laissé un sentiment étrange.