Nous nous étions déjà diablement rapprochées. Un rapprochement qui dépassait d'ores et déjà mes espérances. Mais, j'en demandais plus , et trop tôt. Cela risquait encore de me causer défaut. Je ne voulais pas cela , non ! Elle et moi étions sur la même longueur d'onde, cela matchait, il ne fallait pas que je fasse tout capoter , non !

Je ne devais pas lui mettre la pression . Jusqu'à présent, la pression , nous ne l'avions pas encore bu. Nous nous étions contentées de cocktails et nous allions sûrement continuer ici . Une fois arrivées chez moi, je l'invitais à aller s'installer sur le canapé. Je comptais toujours au moins me mettre un bon coup d'eau froide pour me calmer. Ou plutôt calmer mes propres ardeurs.

Fais comme chez toi hein. Je reviens, j'en ai pour une seconde.

Ce genre de phrases qui n'est pas du tout réaliste lorsqu'une femme la prononce. Arrivée dans ma salle de bain , je pris un gant, allumais l'eau froide, plutôt même glacée, et me rinça le visage en inspirant et expirant profondément, tout en réfléchissant, me concentrant sur ce que j'allais lui dire et comment lui dire. En prenant également conscience que je ne devais pas être longue. Ni pour l'inquiéter, et surtout, encore moins pour la lasser et qu'elle parte.

Une fois tout cela clair, soit cinq minutes plus tard, je rejoignis Lexie dans mon salon .

J'espère que je n'ai pas été trop longue. C'est mon petit rituel en rapport à ce que j'aimerais te raconter. ..J'ai besoin de faire un peu le vide. Je ne sais pas comment tu as fait toi pour me raconter ce qui t'es arrivé de la façon que tu l'as fait, sans rituel. Tu es sûrement beaucoup plus courageuse que moi...

Et voilà...Je commençais à me comparer, à me dévaloriser...Je tremblais...Pas comme une feuille, j'avais fait le vide quand même...Mais je tremblais malgré tout..J'avais besoin de sa présence, de soutien, d'un geste, de sa part...

Je me sentais très proche d’Emily, vraiment. J’avais cette impression qu’avec elle tout était différent et qu’il y aurait plus qu’une simple amitié entre nous. Je me sentais attirée par elle, mais en même temps je n’avais pas envie d’aller trop vite. J’avais besoin de me sentir prête avant de passer à un stade plus avancé. Certes j’avais eu quelques relations d’un soir avec des hommes mais je n’en n’avais pas tiré tant de plaisir que ça, bien au contraire. J’étais le genre de fille qui avait besoin de prendre un peu de temps pour connaître l’autre personne afin de pouvoir me lâcher pleinement avec elle. Et là en plus j’étais sur un terrain que je n’avais jamais expérimenté, j’avais envie de m’y aventurer mais j’avais aussi besoin de m’y sentir en sécurité. Je savais qu’Emily avait plus d’expérience que moi de ce côté-là et si j’allais me laisser en partie guider, j’allais aussi composer avec mon ressenti pour aller à mon rythme. Je ne voulais pas me précipiter et risquer de perdre ce lien que j’avais avec Emily. Lorsque nous arrivons chez elle, rapidement elle me dit qu’elle revient dans une seconde et me dis aussi de faire comme chez moi. Je la laisse partir et je m’installe sur le canapé, regardant la décoration de son appartement ainsi que la vue de sa fenêtre. Emily me rejoint quelques minutes plus tard dans le salon et je la sens comme chamboulée. Je m’approche d’elle, prend ses mains dans les miennes et lui dis.

Non ne t’en fais pas tu n’as pas été longue.

Je sens alors qu’elle tremble. Je la regarde et lui dit.

Emily tu n’es pas obligée de m’en parler maintenant, rien ne t’y oblige. Tu sais je ne pense pas être plus courageuse que toi, j’ai été aidée par l’alcool. Mais quoi que tu aies à me dire, saches que je suis là et que je serais encore là après. Rien ne me fera partir d’ici ce soir.

Je marque une pause avant d’ajouter en serrant ses mains dans les miennes.

Est-ce que je peux te prendre dans mes bras, parce que là j’ai très envie de le faire pour essayer de t’aider.

Je ne parle pas du courage que tu as eu pour me raconter ce que tu m'as raconté , mais de celui qu'il t'a fallu pour affronter ce passé, vivre avec, aller de l'avant.

J'avais certes eu un passé familial chargé et une identité complexe avec mon handicap mais pour moi elles n'étaient pas grand chose à côté de ce qu'elle avait vécu elle.

Si, moi. Parce que tu comptes. Et parce que je ne me sentirais pas honnête si je ne t'en parlais pas maintenant.

Je baissais la tête lorsqu'elle me demanda de me prendre dans ses bras.

Ne me demande plus jamais ça. Fais-le juste.

Ce n'était pourtant pas évident pour Lexie d'être spontanée. Mais mon stress, mes tremblements, me faisaient perdre mon tact.

Je suis une personne neurotypique Lexie.

Je savais bien que ce mot serait du chinois pour elle, c'était pour me permettre de briser la glace, qu'elle me demande de quoi il s'agissait même si, en outre, une personne neurotypique n'était pas forcément autiste comme moi. Il y avait aussi les maniaco-dépressifs, les schizophrènes et tous les autres qui l'étaient...

J’écoutais Emily tout en serrant ses mains dans les miennes.

Je ne sais pas quoi te dire, si ce n’est que je me suis simplement battue mais que ça ne s’est pas fait en un jour, il m’a fallu du temps et un peu d’aide pour y arriver.

Je la regarde, avant de lui dire qu’elle n’est pas obligée de m’en parler aujourd’hui, je lui dis aussi que rien de ce qu’elle pourra me dire ne me fera fuir.

D’accord, je comprends.

Voyant qu’elle tremble, je lui demande si je peux la prendre dans mes bras. Je n’ose pas le faire spontanément car plusieurs personnes que je connais bien n’apprécie pas du tout d’être prise dans les bras lorsqu’elles sont dans un état qui me semble similaire à celui d’Emily. Sa réponse ne se fait pas attendre, mais le ton m’étonne un peu. Je lui réponds juste :

D’accord.

Avant de m’approcher d’elle et de la serrer fort dans mes bras. Lorsqu’elle est dans mes bras Emily me dit qu’elle est une personne neurotypique. J’avoue n’interroger sur la signification de neurotypique. Je continue à la serrer contre moi avant de me détacher un peu d’elle afin de la regarder dans les yeux pour lui dire.

Je suis désolée si la question te paraît bête mais j’aurai besoin de savoir ce qu’est une personne neurotypique.

Je suis rassurée par ses acquiescements. Elle ne trouva rien à y ajouter, et il n'y avait rien à y ajouter. Répondre d'accord était donc amplement suffisant. En revanche, je commençais à réaliser que j'avais été un peu sèche lorsque je lui avais répondu de me prendre dans ses bras spontanément. Je me promis intérieurement de revenir dessus par la suite mais dans l'immédiat il fallait que je m'explique.

Cela n'a rien d'étonnant. A part lorsqu'une neurotypique s'explique, il n'y a que les neurotypiques qui peuvent savoir ce qu'est une neurotypique , et même très facilement repérer la neurotypie d'une autre en général.
Disons que j'ai un fonctionnement cérébral et émotionnel bien à moi ...Enfin nous le sommes tous nous autres qui avons cette particularité.
Je te rassure, je n'ai rien d'une maniaco-dépressive ni d'une schizophrène ou kleptomane...Je suis autiste, ce qui est déjà bien suffisant non ?

C'était sorti , plutôt facilement finalement. Après tout, je l'assumais totalement.Je n'avais pas à avoir peur d'en parler.
Néanmoins, après m'être expliquée, je sentais une sensation de soif. Que je n'exprimais pas parce que je ne voulais pas lâcher ses mains...Je m'excusais ensuite pour le ton un peu sec que j'avais employé précédemment:

J'ai été un peu sèche tout à l'heure, je suis vraiment désolée Lexie...

J’avais pris dans mes bras Emily avant de lui avouer que je ne savais pas ce qu’était une personne neurotypique. J’avais conscience que ma question pouvait paraître bête mais en même temps je n’avais pas envie de faire semblant de savoir ce que c’était, ça n’avait aucun intérêt. En tout cas j’écoute attentivement son explication qui m’éclaire sur ce que veut dire neurotypique et me dit qu’elle est autiste.

Tu m’apprends quelque chose. Je ne suis pas en train de te dire que je ne connais que des gens étant parfaitement équilibré et qui n’ont pas ou n’ont pas eu le moindre souci psychologique loin de là. Mais je ne savais pas que le terme était neurotypique.

Je marque une pause avant d’ajouter.

Oh, et bien ce n’est rien de grave. Tu es différente, et alors ? ça ne me dérange pas, c’est ta particularité à toi. Mais j’avoue que j’aurai quelques questions à te poser afin de mieux comprendre comment tu fonctionnes ou comment ton autisme fait que tu fonctionne serait plus juste. En espérant que ça ne dérange pas d’en parler.

Lui dis-je simplement tout en serrant encore ses mains dans les miennes. Savoir qu’elle était autiste ne me dérangeait pas. Je souris ensuite à ce qu’elle me dit.

Ne t’en fais pas, ce n’est pas grave. Mais il faudrait peut-être aussi que je t’explique pourquoi de mon côté je t’ai posé la question.

Nous sommes tous différents. Neurotypiques ou pas ..Mais nous autres, c'est encore pire. Aucune ne ressemble vraiment à une autre et même parfois, en ce qui me concerne, mes comportements ne sont pas les mêmes alors que je me retrouve face aux mêmes situations.
Ceux qui disent que c'est à nous de nous adapter, ou à ceux qui ne le sont pas , ont complètement tort. Ce n'est pas une question d'adaptation mais d'humanisme.

C'était très vrai et très lucide ce que je disais.

Je n'aime pas trop en général quand j'ai quelque chose en tête et que je dois attendre ou que je ne peux pas l'avoir . J'aime tout autant les personnes qui ferment les yeux sur mes comportements que ceux qui me traitent d'égale à égale en me remettant les pieds sur terre. La plupart du temps, je préfère me les remettre toute seule.

Je pensais lui proposer un exemple, mais vu que celui que j'avais en tête nous concernait toutes les deux, je préférais mettre de côté cette idée.

Je ne suis pas certaine d'avoir besoin que tu m'expliques cela. Je sais que tu t'intéresses à moi. Et même si j'ai à attendre pour certaines choses , je pense que tu me l'as déjà bien prouvé.
Veux-tu que l'on fasse une petite pause ? Je t'avoue que j'ai un peu soif..Je te sers aussi ? Y a t-il quelque chose qui te ferait plaisir ?

J’écoute attentivement les explications d’Emily qui vient de me dire qu’elle est une personne de type Neurotypiques.

Je comprends ce que tu veux dire, enfin du moins j’en ai l’impression.

Dis-je estimant que dire que j’avais tout compris serait prétentieux, mais en tout cas j’avais le sentiment d’avoir compris ce qu’Emily m’expliquait dans une forme relativement simple. Je la questionne ensuite sur sa manière de fonctionner simplement dans le but d’apprendre à mieux la connaître ou à comprendre sa manière de fonctionner. Je souris à ses explications tout en acquiesçant simplement. Avant de lui proposer moi aussi de lui expliquer pourquoi j’avais cru bon de lui demander si je pouvais ou non la prendre dans mes bras.

D’accord, alors on va dire que c’est un sujet qui est clos ! J’avoue que tu m’intéresses beaucoup Emily mais c’est vrai aussi que je ne peux pas tout te donner tout de suite. Mais ça va venir.

Lui dis-je en lui souriant marquant une petite pause avant d’ajouter.

Une petite boisson ne serait pas de refus. Tiens et si tu me faisais la boisson dont tu m’as parlé tout à l’heure un TGV je crois me souvenir. Après tout maintenant nous sommes chez toi et j’y suis en sécurité.

Lui dis-je en lui souriant avant de déposer un baiser sur ses lèvres tout en lui souriant.

Tu peux comprendre sans le vivre . Si mes semblables entendaient ça, ils me taperaient peut-être... Je ris, ils n'iraient pas jusque là, mais la plupart des neurotypiques n'appréciaient pas et refusaient d'entendre qu'on pouvait les comprendre alors même qu'on avait pas de différence. Moi je voulais y croire , en tout cas .Mais c'est ce que moi je pense.

Je pensais que de toute manière , il y avait des personnes compréhensives chez les personnes normales et des personnes vraiment obtus chez les neurotypiques.

Nous irons étape par étape. J'ai plus d'expérience , mais je ne veux pas que ça te mette la pression. Je ferais tout pour te mettre à l'aise, à commencer par être patiente.

Je disais ça en ayant tout de même une petite idée derrière la tête.Mais pour l'heure, j'allais jusqu'à la cuisine pour lui servir un TGV, et m'en resservir un. L'idée que j'avais en tête fit un plus grand tour suite au baiser qu'elle venait de m'offrir.

Oh ça oui, je suis ta garde du corps. Bon, la tenue ne va pas trop par contre..Ca ne convient pas non plus à une serveuse d'ailleurs...Mais c'est à toi de voir, je peux aussi me changer..

Je ne sais pas si je peux réellement comprendre. Mais je suis une personne hypersensible et empathique du coup peut être que j’ai une relativement bonne faculté à me mettre à la place des autres. Mais ça ne veut pas pour autant dire que je vois exactement ce que tu veux dire et je n'ai pas la prétention de le penser loin de là.  

Je savais que ce n’était pas la même chose d’être hypersensible et bien trop empathique, mais j’avais passé mon enfance à entendre tout le monde me dire que je devais m’endurcir pour survivre. Personne ne m’avait jamais dit que cette différence pourrait être une force, ce n'est que bien plus tard que je l'ai compris et que j'ai appris à faire de mon hypersensibilité une force plutôt qu'une faiblesse. J'imaginais que c’était probablement ce qui arrivait aussi aux personnes neurotypiques. Plutôt que de valoriser la différence leur entourage leur avait surement dit qu’ils devaient s’adapter aux autres.
Je change ensuite de sujet tandis qu’Emily me dit qu’elle sera patiente et qu’on ira étape par étape sans pression. Je lui souris et serre sa main avant de lui dire.

Je te remercie, je sais que je peux mettre du temps à faire confiance aux gens et que ça peut pénible pour eux. Mais c’est un mécanisme de défense mais le 97% du temps les gens me dise que même si je ne me donne pas facilement ça vaux la peine de prendre le temps d'apprendre à me connaitre.

Je la regarde ensuite simplement après avoir déposé un baiser sur ses lèvres.

Non tu n’es pas ma garde du corps et tu n’as pas besoin de te changer., c’est juste que chez toi, je me sens en sécurité, pas de regard indiscret, il y a juste toi et moi. Et ce qu’on décidera de faire de cette soirée n'appartient qu'a nous.

Je lui fais un clin d’œil avant d’ajouter.

Oh hé bien en fait si tu veux tout savoir en règle générale c’est un peu plus tard dans la soirée que je fini dans un dressing à essayer des vêtements qui ne sont pas à moi juste pour le fun.

Je savais ce qu'elle disait parce qu'en plus d'être ce que j'étais, j'étais aussi ce que elle, était. Je ne voulais cependant pas lui dire, pensant que ça coulait de source. Cependant, il était souvent reproché aux autistes de ne voir que le bout de leur nez et de ne pas se soucier des autres, ou du moins de ne pas le montrer. Ceux qui disaient ça, devaient décidément très mal les connaître. C'était un type de personnes auquel je donnerais bien des beignes, si je n'étais pas adepte de la non-violence.

Eh bien si cela vaut la peine je vais attendre. Mais en revanche, toi...Enfin de mon côté, sache que tu n'as pas à attendre. Je me donne à toi quand tu le souhaites.

Cela paraissait évident, mais j'avais envie de le lui confirmer.

Il y avait peut-être un message subliminal dans ma proposition...

Même si nous allions prendre le temps avant de franchir certains caps, j'avais envie de l'émoustiller un peu,d'éveiller un peu la flamme.

Je vais donc te servir sans me changer. Pour l'instant.

Je n'avais pas dit mon dernier mot..Je revins vers elle avec les deux TGV , et lui tendis mon verre, prête à trinquer.

A nous..

C'était tout ce que je trouvais à proposer comme motif pour ce faire.

Je souris à Emily, exprimant clairement que pour l’instant je n’étais pas prête à plus d’intimité avec elle pour l’instant.

Oh et bien j’espère que tu feras partie des 97% qui pense que je vaux la peine d’attendre. Parce que là du coup j'ai quand même un peu la pression.

Lui dis-je en la regardant, tandis qu’Emily exprime clairement que de son côté elle est prête à plus d’intimité avec moi quand je veux. J’acquiesce simplement en disant.

D’accord.

Je réalise ensuite que j’ai probablement mal compris, le fait qu’elle pourrait se changer, j’étais un peu mal à l’aise de ne pas avoir compris ou elle voulait en venir tandis qu’elle prépare nos boissons avant de revenir vers moi.

Oh… Je crois que je vois ou tu voulais en venir.

Je prends ensuite le verre qu’elle me tend et lève mon verre en regardant Emily dans les yeux et en ajoutant à mon tour.

A nous !

Je déguste ensuite mon TGV avant d’ajouter, qui me semblait assez fort.

Rappelle-moi le nom des trois alcools de cette boisson ?

La totalité de ce pourcentage n'est que moi. Et les 3 qui restent c'est simplement parce que j'ai hâte d'y être . J'ai quand même le droit de le dire non ? Je ne vais pas te sauter dessus. A part peut-être juste pour t'embrasser.

C'était de l'humour. Je ne comptais même pas lui voler de baiser.

C'est un peu dangereux de s'émoustiller si nous nous promettons de prendre notre temps, ou j'ai quand même le droit ?

Finalement , je préférais être franche et lui poser la question car je voulais avoir son avis sur le sujet afin de ne pas la brusquer ou faire quelque chose alors qu'elle était contre.

Tequila, Gin, Vodka. La même rapidité qu'un train à grande vitesse...Sauf qu'on roule pas...Enfin sauf si on fume en même temps...

Je me marrais à ma bêtise, mais c'était peut-être pour Lexie un autre type de bêtise qu'elle ne cautionnait pas..Si je disais ça, c'était forcément parce que je l'avais déjà fait.Et donc pris à fumer et fumé quelque chose qui de toute évidence n'était pas très licite...

C'était il y a longtemps hein...Il y a une éternité que je n'ai plus fumé..D'ailleurs je m'y prenais très mal..

Tu as tout à fait le droit de le dire, je pense que c’est même mieux d’être honnête.

Lui dis-je en lui souriant. Lorsque j’entends ensuite qu’elle me demande si ce n’est pas dangeureux de s’émoustiller alors que nous venions de dire que nous prendrions notre temps, je la regarde et réfléchi un peu avant de lui répondre.

Je ne pense pas que ce soit trop dangereux, honnêtement je me crois capable de savoir dire stop si je sens que pour moi c’est trop. Et je pense que tu le ressentiras aussi, de ce côté-là je suis plutôt facile à décrypter.

Je pensais sincèrement ce que je disais car je me connaissais et je savais que je savais dire non même s’il n’avait pas toujours été écouter par mes partenaires de l’époque, j’avais suffisamment confiance en Emily pour savoir qu’elle ne passerait pas outre mon non en essayant de me convaincre que ça allait aller. Emily me sert ensuite un verre de TGV et je lui demande de me rappeler ce qu’il y a dedans.

Ah oui gin! C’est ça le troisième alcool dont je ne me souvenais pas !

Je ris à sa blague quant au fait que c’est comme être dans un TGV sauf qu’on ne roule pas. Pour ce qui est du fait de fumer en même temps, j’imagine qu’elle en a fait l’expérience un jour. Ce qu’elle me confirme peu après ajoutant que ça fait une éternité qu’elle n’a plus fumé et qu’elle s’y prenait très mal.

Honnêtement, je n’ai pas d’avis sur le sujet, et je ne me permettrais pas d’en émettre un ou de juger qui que ce soit sur ce sujet étant donné que je n’ai jamais fumé, même pas une cigarette.

Avouais-je simplement tout en buvant un peu de ma boisson.

C'est parfait, comme ça on est deux.

Je n'avais pas peur d'être franche cash et de dire ce que je ressentais. Parfois tout de même, je demandais si je pouvais être totalement franche car je voulais être sûre de ne pas blesser la personne en face.

Ce qui ne veut pas dire que je vais m'y mettre tout de suite. Il ne vaudrait mieux pas d'ailleurs...

Etant donné que j'avais encore mon verre à la main, ça risquerait de faire quelques dégâts. Après en soi, un verre, ça pouvait aussi se poser.Et je gardais tout de même une main libre...

C'est celui des trois que je trouve le plus difficile à gérer..Quand il est seul...A propos, dans les bars, ils ne proposent que du Gin avec du Tonic, mais j'ai du mal avec ce mélange...C'est meilleur avec de l'agrume,franchement.

Ce n'était pas en soi une incitation à essayer, ce n'était que ce que je pensais personnellement.

Mais je le regrette quand même car au bout d'un moment il paraît...Bon je suis jamais allée jusque là...Mais il paraît que ça abîme le teint et les traits du visage. Ce qui serait malheureux pour des canons comme nous.

Et puis je la regardais, posant ma main libre sur son visage et lui caressant. Ce que j'allais dire, elle s'en doutait sûrement.Mais ce n'est pas parce que c'est évident qu'il faut se retenir de le dire.Même si je n'aimais pas trop ce qui était trop téléphoné et qui selon moi manquait d'originalité.

Surtout toi..

Après tout est dans la manière de dire les choses. Pour moi il y savoir être cash sans pour autant blesser et être cash mais sans prendre de gants et blesser l’autre. Je pense que tout peut-être dit tant que ce n’est pas juste pour blesser l’autre.

Je souris ensuite à ce qu’elle me dit.

Rien ne presse Emily, on a toute la soirée et même la nuit !

Je lui fais un clin d’œil. Puis on parle de la boisson que nous sommes en train de déguster et elle me dit que pour elle le gin est l’alcool qu’elle trouve le plus difficile à gérer.

Je veux bien te croire. Pour ma part ce n’est pas un alcool que je bois d’habitude. Mais j’apprécie de le tester dans le TGV et même de découvrir ce que c’est qu’un TGV.

Lui dis-je simplement avant de rire à sa réflexion quant au fait que ça aurait été dommage de nous abimer le teint en fumant trop.

J’avoue que tu n’as pas tort ! Autant garder notre éclat, qu’avoir à 30 ans un teint grisonnant qui fait 10 ans de plus à cause de mauvaise habitude de ce type ! On est jeune et canon alors profitons-en !

Je la regarde ensuite tandis qu’elle me caresse le visage, j’apprécie simplement le moment et notre échange de regard dans lequel je ressentais une complicité évidente. J’approchais mon visage du sien et l’embrassais me laissant juste aller à mes émotions et sensation du moment. Renverser mon verre m’étais égal, je me concentrais sur Emily.

Je validais d'un sourire ses propos . Pas comme une grosse bête qui validait tout ce que la personne qui l'intéressait disait sans avoir de réflexion, non ! J'avais mon propre avis. Mais il était identique au sien. Alors pourquoi en rajouter? Pourquoi le valider par la parole ?

Ce n'est pas à essayer tout seul . Pourtant , je t'avoue l'avoir fait . J'ai eu une véritable période à vide où je n'étais pas bien. Ou ou simplement j'allais dans les bars en espérant que quelqu'un vienne se joindre à ma table. Il était bien rare que ça arrive, je buvais un verre, deux peut-être, et je repartais.

Ce n'était pas terrible comme comportement. Et puis, avec ma timidité, je n'étais pas avenante , donc, c'était ce qui expliquait que personne ne venait la plupart du temps.

Moi je suis canon ! Toi tu es une bombe atomique .
C'est pas pour rien que j'ai explosé dès que je t'ai rencontrée.

Je réalisais là que j'étais drôlement piquée. Le jour même encore, je ne me serais pas encore vue dire cela! Ni même le penser, quand bien même je réalisais que j'étais très attachée à elle, plus que tant d'autres ces derniers temps.

Je la regardais, puis, je me rapprochais. Je la laissais m'embrasser, laissant nos regards s'embraser et prolongeant. L'envie ne m'en manquait guère, mais je n'osais même pas y rajouter la langue. Je me contentais de lui caresser la chevelure...

Je surveillais en même temps les verres. J'avais peur que nous nous le renversions l'une sur l'autre. Mais c'était un risque que je voulais prendre. Je ne voulais pas interrompre notre étreinte , surtout pas pour une raison aussi stupide. Nous pouvions aussi prendre cela comme une espèce de jeu, un petit challenge; en sachant que s'ils se renversaient, c'était rédhibitoire, il faudrait bien se changer. Mais je ne manquais pas d'adresse...En était-il autant pour Lexie ?

Je regarde Emily tandis qu’elle me confie qu’elle a connu une période de vide et où elle n’était pas bien. A cette époque elle allait dans les bars en espérant que quelqu’un se joigne à elle mais qu’il était rare que ça arrive. Ça me fait mal au cœur de l’apprendre et je sers sa main dans la mienne.

Oh ma belle… C’est tellement triste et le plus triste dans ce que tu dis c’est que moi aussi j’ai connu et plus d’une fois la même situation après ma rupture et la trahison de mes amis. Sauf qu’au final, j’ai fini par ne plus aller dans les bars et par boire en tête à tête avec moi-même dans ma cuisine.

Je marque ensuite une pause avant d’ajouter.

C’est dingue quand on y pense, plus j’apprends à te connaître et plus je me dis qu’on a des points communs et que sur nos différences j’ai comme la sensation qu’on est complémentaire…

Ensuite je regarde quelques secondes Emily dans les yeux avant de rire à sa remarque.

Je crois surtout qu’on est deux bombes toutes les deux !

Je lui fais un clin d’œil complice. Il y avait entre Emily et moi une alchimie un quelque chose que je ne me m’expliquais pas mais que j’appréciais et à juste titre. Car ce n’était pas tous les jours que je ressentais ça pour qui que ce soit. Je me sens simplement en confiance avec elle et petit à petit mes barrières tombent les unes après les autres. Au point que je fini par me lâcher et par m’approcher d’elle pour l’embrasser. J’appréciais les caresses d’Emily sur ma chevelure et je l’embrasse un peu plus fortement oubliant que j’avais un verre dans ma main, et que j’étais d’une grande maladresse déjà de base, mon verre fini par se renverser sur moi…

On dit que c'est plus courant pour les mecs de faire ça et c'est sûrement vrai .Mais c'est pas pour autant que ça ne nous arrive jamais à nous femmes. C'est rassurant d'un côté parce que ça montre que les garçons eux aussi ont une certaine sensibilité même si peu l'admettront.

Peu sûrement,mais ce peu-là, c'étaient de vrais moulins à parole, il valait mieux ne pas tomber sur eux sauf si nous aimions discuter et être des épaules sur lesquelles pleurer ou déterrer sa misère.

Je ne sais pas si c'est mieux. Dans les bars, nous voyons du monde, même si lui ne nous voit pas ou fait mine de ne pas nous voir. Nous avons toujours l'espoir qu'en cas de cuite, le barman nous fiche à la porte ou quelqu'un s'en aperçoive et  vienne à notre secours.Chez nous, nous sommes seules face à ce type de risque.

Je n'étais pas donneuse de leçons , non! Je l'avais également fait, et ce que je venais de dire en était bien la preuve irréfutable.

Nous parlions de moins en moins , trop occupées ailleurs. Si occupées que notre attention était plus poussée aux embrassades et à la câlinerie qu'aux verres que nous avions en main.Lexie fut la première victime de cette inattention: son verre se renversa sur elle .

Attends, c'est rien, je vais te montrer la salle de bain , tu pourras te remettre quelque chose.On fait à peu près la même taille heureusement.

Non, je n'avais aucune intention cachée cette fois, la preuve, je lui disais cela en toute innocence , lui indiquant le chemin et lui montrant mes affaires que je stockais .

Je pense que tu trouveras ton bonheur ...

J'avais quand même envie de me rincer l'œil mais je me forçais de me dire que ça ne se faisait pas. Je poussais la porte pour la laisser dans son intimité et finis mon verre en attendant qu'elle ressorte.Vu que le mien ne s'était pas renversé et que je l'avais gardé en main.

Je souris et acquiese aux paroles d’Emily, n’ajoutant rien simplement parce que j’étais d’accord avec elle et qu’il n’y avait pas de raison d’ajouter quoi que ce soit de plus. Je lui explique ensuite que j’ai connu une période sombre durant laquelle je buvais seule chez moi.

Ce n’est pas faux, mais après si tu es chez toi, l’avantage c’est que tu y es en sécurité par un côté. Tu n’as pas de trajet à faire alors que depuis un bar faut bien rentrer. Mais en même temps s’il t’arrive quelque chose chez toi, tu y es seule, du coup en fait les deux situations ont des avantages et des inconvénients.

Dis-je un peu perplexe, avant de me laisser à un moment plus tendre avec Emily. Ou du moins jusqu’à ce que je finisse par me renverser ma boisson dessus. Et la première chose qui m’inquiète c’est de vérifier que je n’en n’ai pas versé sur le canapé d’Emily. Mes vêtements ça n’est pas grave je peux les laver, le canapé c’est plus compliqué.

Oh non, je suis désolée Emily. J’espère ne pas en avoir versé sur ton canapé.

Après vérification, il n’y a pas la moindre trace sur le canapé, ce qui me soulage. Je la suis ensuite jusqu’à sa salle de bain ou je vais pouvoir enlever mes vêtements mouillés et me changer.

C’est gentil, je suis une catastrophe parfois. Enfin, je suis une fille maladroite.

Je regarde ensuite dans la direction que m’indique Emily et prend de quoi de me changer, un t-shirt et un pantalon. Je pose mes vêtements sur sa baignoire (pour autant qu’il y ait une baignoire sinon ce sera dans la douche) pour qu’ils sèchent et ressort de la salle de bain afin d’aller retrouver Emily dans le salon. En lui disant.

Merci pour les vêtements.

Je m’installe ensuite sur le canapé à ses côtés et ajoute.

Rappelle-moi ou on en était avant que maladresse légendaire nous sépare…

Elle n'avait pas tort. Mais moi non plus. Il y avaient des bons et des mauvais côtés à être dans un bar et chez soi. A vrai dire, je m'étais faite plus caressante que bavarde et , tout en prêtant attention à ce qu'elle me répondait, j'étais plus intéressée par ce que je faisais moi, et que d'ailleurs elle commençait à suivre, avant qu'un petit accident ne survienne.

Non non, le canapé n'a rien. Et quand bien même, ce ne serait pas grave.

Seulement grave dans le sens ou, tant que le canapé n'aurait pas été sec, il aurait fallu qu'elles se tiennent chaud ou fassent une nuit blanche.

Nous avons tous nos petits défauts. Moi je suis bien avec toi comme tu es.

Non non, je le ressentais, mais un je t'aime, c'était encore tôt, même si ça ressemblait de plus en plus à ce que je ressentais.

Et tu as remarqué, j'ai été une fille sage. Je t'ai attendue ici, je n'ai pas cherché à me rincer l'œil.

Je lui souris et lui fis un clin d'oeil. Il était tout aussi valable par rapport à ce que je venais de dire que pour les vêtements .

Je ne me souviens plus très bien...Nous devrions peut-être reprendre du début ...Enfin, sans les verres...D'ailleurs, pour être d'égale à égale, j'ai fini le mien..

J’avais renversé mon verre avec ma boisson sur moi. Heureusement le canapé d’Emily n’avait pas été mouillé dans l’histoire, tout m’était tombé dessus si je peux dire.

Tant qu’à faire je préfère ne pas salir ton canapé alors que ça fait moins d’une heure que je suis chez toi.

Dis-je tout en me dirigeant avec elle vers la salle de bain, afin de me changer, m’excusant encore de ma maladresse.

C’est gentil de me dire ça mais tu verras qu’un jour peut-être mon côté miss catastrophe t’agaceras.

Une fois changée, j’ai mis mes vêtements à sécher avant de rejoindre Emily dans le salon. Je souris à sa remarque.

C’est vrai que tu as été très sage.

Je m’assieds à nouveau à ses côtés tout en la regardant, je souris lorsqu’elle me dit qu’elle non plus ne se souvenait plus très bien ou on en était mais qu’on devrait peut-être reprendre du début mais cette fois sans les verres.

C’est une très bonne idée.

Je m’approche donc un peu plus d’elle avant de chercher à nouveau ses lèvres pour l’embrasser tout d’abord avec tendresse, après tout on a bien dit qu'on reprenait du début et ensuite on montera en intensité comme tout à l'heure.

Peut-être que son côté miss catastrophe finirait par m'agacer. Oui peut-être. Mais ça ne m'inquiétait pas. Elle avait ses défauts. Moi aussi. Nos défauts étaient une source de tension.Mais il n'y a pas que des tensions négatives.

Et si ce n'était pas une si mauvaise chose que cela de s'agacer ? S'agacer conduit à se disputer. Et une dispute conduit parfois à des tournures très intéressantes.

Je la rassurais cependant.

Je n'ai cependant pas envie qu'on se dispute rien que pour voir si cela nous entraîne à ce dont je fais allusion. De toute façon en ce qui me concerne je trouve ce défaut plutôt mignon qu'agaçant. Je dirais même qu'à mon sens ce défaut n'en est pas un.

Je ne l'avais même pas invitée à reboire. Ce n'était pas au goût du jour, et en plus l'incident était encore trop récent.

Hummm..J'aime ta façon de me récompenser de ma sagesse.

Mais je risquais de ne pas rester sage bien longtemps..Je prolongeais son baiser avec tendresse tout en me collant lentement à elle ..

Je souris à la réponse d’Emily, elle avait une manière de voir les choses que je n’avais jamais connu chez personne avant elle.

J’aime beaucoup ta manière de voir les choses et d’appréhender le monde qui nous entoure. Jamais personne ne m’avait fait remarquer que s’agacer n’était pas forcément négatif.

Lui dis-je, avant d’entendre qu’elle n’allait tout de même pas chercher à ce qu’on se dispute pour voir si ça nous entrainait à une réconciliation sur l’oreiller, si j’avais bien interprété ce qu’elle m’avait dit.

Je suis contente de le savoir, d’autant que je n’aime pas les disputes, même si parfois elles nécessaires pour remettre l’église au milieu du village. Tu verras que de ce côté-là je suis plutôt pacifique, je ne m’énerve que très rarement et il en faut beaucoup pour que je m’énerve. Je n’aime pas élever la voix et souvent je préfère partir et revenir plus tard pour en parler calmement.

Je me rapproche ensuite d’elle et reprend du début par rapport à ou nous en étions avant que je ne renverse mon verre. Je l’embrasse avec tendresse et sourit lorsqu’elle me dit qu’elle aime ma façon de récompenser sa sagesse.

Contente que ça te plaise.

Je me sentais simplement bien en sa compagnie, tellement bien et en confiance que toute mes barrières tombaient et me permettait de me laisser aller à l’embrasser plus fort et à la chercher sans me sentir poussée ou forcée à quoi que ce soit. C’était juste un bon moment agréable, un moment que je découvrais pour la première fois avec une autre femme. Sentir son corps se coller au mien, me donnait encore plus envie d’aller plus loin, tout mon corps était en alerte mais de manière positive et je me laissais simplement aller dans ce moment présent.

C'était pourtant vrai. Et cela n'avait pas toujours pour conséquence des réconciliations sur l'oreiller.Cela pouvait aussi fonctionner lors de relations amicales ou autres , une dispute ou prise de bec pouvait aider à vider son sac et déverser tout ce qu'on avait sur le coeur. Une fois le trop plein parti, les choses étaient plus faciles.

Je ne l'ai pas souvent personnellement vécu, mais je l'ai souvent observé chez d'autres personnes.
J'ai toujours cette première image étrange de ce gars aux mauvaises habitudes et fréquentations qui intriguent une fille, qui interpellent, provoquent une dispute et, presque une heure plus tard j'entends un matelas grincer..

Je levais les yeux au ciel.Après tout, tant mieux pour eux!

Nous éviterons de nous disputer car je t'avoue que moi, je ne suis pas du tout patiente et j'aspire à une discussion rapide. J'ai horreur de rester sur quelque chose de négatif, dans l'attente.

Comme la plupart des autistes d'ailleurs...

Si nous arrêtions de parler de tout cela? Ce n'est pas très gai..Et si nous arrêtions même de parler tout court?

Toujours collée serrée contre son corps, je me laissais aussi totalement aller.Je commençais à laisser cette fois ma langue chercher la sienne lors de notre étreinte et laissais mes mains se remettre à parcourir sa douce chevelure.