Cela fait plus de deux semaines, que j'ai quitté New-York pour partir en Europe avec papa. Au départ, je savais que c'était la France mais je ne savais pas dans quel coin, c'est seulement après 10h de route et 8h de sommeil qu'il m'a annoncé qu'on était arrivé dans le Périgord Vert, situé dans le département de la Dordogne et à la frontière de la Charente et de la Haute Vienne.

Qui dit Périgord vert, dit la campagne, le gite que papa a loué se trouvait dans un petit coin tranquille entouré de prés et proche d'un bois et d'une rivière : La Tardoire. Chaque matin, je pouvais aller voir les vaches, les veaux et les chevaux ainsi que les Paons qui se trouvaient sur la route. Aimant aller nous promener, nous ne restions pas souvent au gîte : On allait au lac de Saint Estèphe où je lisais sur la plage aménagée, jouais dans l'eau et faisais du canoé. Nous prenions souvent une glace avant de repartir et mes goûts étaient souvent les mêmes. Les visites culturelles que j'ai préférées ont été : Rochefort avec le bateau : L'Hermione, L'île d'Oléron et le fort Boyard et la Rochelle. Évidemment nous sommes aussi descendus dans les pays du vin : Bergerac, Monbazillac, Pomerol, Saint-émilion et Cognac.

Me voilà à l'aéroport, je cherche maman du regard mais je ne la trouve pas. Par contre marraine est là pour nous accueillir. Après un rapide câlin et plusieurs réponses à ses questions, elle m'explique que maman est retenue à l'hôpital à cause d'un accident de bus. Tristement je demande à papa s'il peut me conduire là-bas mais il n'est pas très chaud. Marraine accepte de m'y conduire pour qu'il puisse se reposer et moi je suis super excitée de revoir maman. Une fois à l'hôpital, je dis bonjour aux infirmières que je connais et l'une d'entre elle me conduit jusqu'à la salle de repos. Elle me prépare de quoi m'occuper mais je préfère le canapé ou sans difficulté, je m'endors épuisée par l'excitation des vacances et surtout de revoir maman

Sentant quelque chose sur moi, je bouge légèrement dans mon sommeil. Je ne doute pas une seule seconde que c'est maman mais quand celle-ci passe doucement une main sur mon front et dans mes cheveux, je reconnais sa façon de faire et il me faut quelques secondes pour ouvrir les yeux avec un grand sourire aux lèvres : "Maman" Dis-je d'une voix encore un peu fatiguée mais un peu surexcitée avant de me mettre de façon à la prendre dans mes bras pour faire un câlin et lui faire un bisou sur la joue. "Tu m'as tellement manqué"

J'aime les vacances avec papa, mais maman me manque beaucoup. Alors pour combler le manque, je prends souvent plusieurs photos des gens que j'aime pour les mettre sur ma table de nuit et quand j'ai un coup de mou, un coup dur, je leur parle ou pense à eux très fort en écrivant dans mon journal intime car oui il me suit partout et tout le temps. Revenant au moment présent, je demande : "Tu es près de moi pour combien de temps ?" Car maintenant que je l'avais près de moi, je ne voulais plus qu'elle reparte même si c'était pour sauver des gens. "Je ne veux pas que tu repartes tout de suite."

Heureusement qu'Alexandra me garde sur ses genoux après le câlin car je ne compte pas m'en aller de sitôt. Je la vois regarder l'heure après un moment de tendresse et écoute sa réponse. Je souris et réfléchis quelques instants à sa proposition. "On peut aller à la cafétéria, je meurs de faim" Dis-je en tirant la langue avant de rajouter en grimaçant : "J'ai mangé dans l'avion mais ce n'était pas super bon." Je ne suis pas difficile niveau nourriture mais personne n'égalise maman à la cuisine ! c'est la meilleure.

Je glisse doucement de ses genoux et attend qu'elle se lève pour lui donner la main. L'hôpital est grand et j'ai toujours peur de m'y perdre donc je reste coller à elle. Dans le couloir, j'observe en silence avant de demander à maman : "Tu as fait quoi pendant mon absence ?" Je suis curieuse, c'est juste que j'ai un peu l'espoir que pendant mes vacances, elle soit partie de chez Daniel ou qu'il ne soit plus là, mais l'espoir est mince car je sais que maman l'aime bien comparé à moi. Puis je voulais aussi savoir s'il y avait du nouveau avec Amber, Jack ou Sean. On se disputait parfois mais je les aimais bien.

Une fois à la cafétéria, je regarde ce qu'il propose. Un muffin au chocolat m'ira très bien mais je suppose que ce n'est pas un repas très équilibré. Je souris un peu à maman : "Tu me conseillerais quoi toi ?" Ben oui, elle vient plus souvent que moi, donc elle connait mieux que moi...

Je souris et rigole à ses paroles avant d'ajouter : "Tu sais maman, il y a pleins d'infirmières et de médecins qui savent que je suis là. Donc ils doivent se douter que tu es avec moi !" A chaque tête connue, j'ai adressé un bonjour, ils me connaissent et ont, à mon avis, assez bien comprit qui je cherchais. Enfin bref, je laisse maman faire tout en marchant en direction de l'accueil avant de nous rendre à la cafétéria.

Elle m'explique ensuite ce qu'elle a fait et où sont mes frères et sœurs. Je souris ayant entendu qu'une fois le prénom de Daniel. Celui-ci ne m'avait pas du tout manqué ! Et quand elle parle d'Amber, j'ai encore du mal à y croire. Comme si un bébé pouvait ressentir qu'un frère ou une sœur n'était pas là. "D'accord. Rien n'a changé depuis que je suis partie chez papa..." Dis-je en pensant à haute voix. Arrivée dans la cafétéria, je regarde maman qui accepte que je prenne mon muffin : "Merci" Elle me parle ensuite de ce soir. Je la regarde et lui demande tout en déposant mon muffin sur le plateau : "Tu rentres bientôt à la maison ? Et on mange quoi ce soir ?" Ma question préférée ! "On mange quoi ce soir ?" Je la pose au moins une fois tous les jours... Je suis un vrai ventre sur pattes. J'écoute ensuite sa demande : je m'arrête devant les jus de fruits et les cacao chaud. Je réfléchis quelques instants et fini par prendre un chocolat. Autant se faire plaisir avec ça ! Une fois servit et chauffé, avec maman on s'installe dans un coin calme pour discuter. Je bois une gorgée : "Le lait il n'a pas le même goût qu'en France. Chaque matin, la fermière nous préparait un bol de lait tout juste sorti du pis de la vache, il était encore chaud. Il était juste délicieux !" Dis-je avant de croquer dans mon muffin

Je ne suis qu’une enfant mais j’entends bien dans les médias qu’il n’y a pas que les gens beaux qui se font kidnapper. Tout le monde peut être à la place de la victime. Je la regarde en rigolant avant de dire le plus sérieusement possible : « Je crois que tu regardes trop les films maman… »

Pas grand-chose de nouveau dans notre vie malheureusement. Cela veut dire que maman est toujours avec le vieux Daniel que je n’aime pas. Je souris pendant ses paroles jusqu’au moment où elle me prévient qu’Amber demandait après moi. Elle ne pouvait pas m’oublier quelques semaines ? En France avec papa, j’avais pensé à maman et à marraine mais aucune fois à mes frères, ma sœur et mon beau-père. D’une voix calme je dis : « Je ne joue pas ma surprise, mais elle pouvait m’oublier pendant deux semaines » avant d’écouter ce qu’elle a, à me dire sur le diner.

« Je ne veux pas que tu sois absente pour mon premier diner après les vacances maman. » Cela se traduisait aussi par : Je ne veux pas être seule avec Daniel, Amber et les garçons dès mon retour à la maison. « J’ai envie d’un de tes très bons plats préparés » Dis-je en souriant. « Ils m’ont manqué eux aussi. »

Cela commence fort, à peine arriver à New-York, je fais déjà ma difficile. Ce qui n’arrange pas les choses c’est que papa reste encore quelques jours. Assise à table, je bois une gorgée et croque à pleines dents dans le muffin en écoutant ce que maman dit : « Je me suis éclatée là-bas. Oui j’ai apprit certains mots en français comme : Bonjour, comment ça va ?, merci, de rien et mon mot préféré : Merde ! »

Je fais allusion à la télé mais ne parle en aucun cas de la police et de mon beau-père. D’ailleurs mon sourire s’efface lorsqu’elle prononce : mariée à un flic. « Je savais que c’était une mauvaise idée de se marier avec Daniel ! Il déteint sur toi. » Dis-je le plus sérieusement possible. « Hey oui maman si tu te demande où j’ai entendu ça, c’est dans  la cour de récré et à la télévision. »

La deuxième conversation n’est pas non plus dès plus agréables pour moi. Pour l’instant Amber est petite, elle me considère comme une grande sœur mais lorsqu’elle sera plus grande, elle me verra comment ? « Mouais… Je sais que je suis sa grande sœur » Dis-je en faisant les guillemets avec mes doigts au mot : « Grande sœur. » « Mais je ne l’ai pas voulu… Quand j’étais en France, je n’ai pas pensé une seconde à elle… » Oui mes paroles sont peut-être dur mais c’est ainsi. Quand je suis chez papa, je ne pense à personne d’autre sauf à ma maman.

Tristounette de savoir que maman ne sera pas parmi nous au soir, je tente de lui faire les yeux doux et de la faire changer d’avis. Mon sourire retrouve le chemin de mes lèvres lorsqu’elle parle de John. « Je pourrai aussi lui demander, peut-être qu’avec moi il changera d’avis. » Dis-je en faisant un clin d’œil avant de rire aux éclats. A sa question, je réfléchis. C’est une bonne question. « Hum… bonne question. Tu as une idée toi ? »

Je sors quelques mots en français que j’ai apprit. Évidemment il y en a d’autres mais il faut que je m’en souvienne. Quand elle parle de trois mots je fais un signe positif de la tête : « Si je les ai apprit. » Je réfléchis à nouveau au vocabulaire en français. « Je sais demander mon chemin et lire les mots pas trop compliqués des cartes de restaurant. » avant d’éclater de rire lorsqu’elle parle des gros mots : « J’en ai apprit un autre mais je ne peux pas te le dire. Car c’est un très vilain mot. » Je ne veux pas être punie dès le premier jour, déjà que mes premières paroles peuvent ne pas être bien prise par maman, je ne veux pas aggraver mon cas. La regardant en silence, je bois à nouveau une gorgée de ma boisson avant de croquer dans le muffin.

Je l’écoute tout en réfléchissant en quoi maman déteint sur Daniel. J’ai beau chercher, je ne trouve pas du tout ! « Mouais… Si tu le dis man ! » Je n’étais pas d’accord avec la suite de sa phrase vu que pour moi c’était une énorme erreur qu’elle se marie à lui. Enfin bref, je ne veux plus parler de Daniel donc je change de sujets ! « Les bêtises c’est ce qu’il y a de plus marrant » Dis-je avec un grand sourire. « C’est ce que je préfère ! » Je suis assez grande pour comprendre que si je fais trop de bêtises, maman risque de me punir donc même si c’est ce que je préfère, je les ferai avec modération.

Lorsqu’elle dit qu’elle n’a pas eu le temps de penser à eux car j’avais beaucoup de chose à faire, je secoue la tête négativement. « Je n’ai pas pensé aux autres, mais toi tu étais dans mes pensées tous les jours. » Encore plus lorsque dans ma chambre au gite, j’avais sa photo près de moi pour m’endormir mais ça maman était au courant vu que je lui avais fait une demande de photos avant mon départ.

« Merci, quand pourra ton lui demander ? » Depuis petite je ne suis pas fan des hôpitaux donc quand je peux les quitter rapidement, je le fais. « Spaghetti boulettes s’il te plait ? » Dis-je des étoiles pleins les yeux et en me léchant un peu les lèvres. C’est les meilleures du monde et ça me manque… Papa n’en fais pas des si bonnes.

« Papa dit que j’ai encore beaucoup à apprendre en français mais que pour mon âge c’est super bien ! » Lorsqu’elle me demande si je veux continuer à apprendre le français, je la regarde avec de grands yeux, surprise de sa demande car oui je n’osais pas lui poser la question pourtant je sais qu’elle ne serait surement pas contre. « J’aimerai bien oui. Si tu es d’accord ? » Lorsque j’entends que je peux dire le gros mot, je me mords les lèvres et réfléchi un instant avant de hausser les épaules et de dire d’une petite voix : « Je n’ai pas envie de le dire ! »

Je termine doucement de manger, mais il me reste encore un fond de ma boisson que je terminerai surement plus tard.

Les bêtises c’est plutôt chouette mais lorsqu’on ne se fait pas prendre. Le plus drôle parfois c’est de dénoncer quelqu’un d’autre à notre place et de cacher la vérité même si ce n’est pas bien de mentir ! Ça peut paraitre cruel mais j’aime bien dire parfois que c’est Amber car généralement elle ne reçoit pas beaucoup de punitions…

J’ai peur des grosses bêtises pour plusieurs raisons : la première c’est que généralement des personnes sont blessées, des familles sont tristes… Puis les auteurs sont souvent punis par la police. Je n’aime déjà pas Daniel en tant que beau-père donc en tant que policier n’en parlons pas ! Je regarde maman et l’écoute avant de dire en souriant et en grimaçant : « En plus pour les grandes, je serai punie par tonton et Daniel. Et ils ne sont pas gentils quand ils punissent. » Je me souviens très bien de la visite des bureaux de la police faites lors d’une porte ouverte au commissariat. « Si vous faites quelque chose de très grave, on vous emmènera ici et on vous mettra en cellule ! »

Les vacances c’est bien mais avec maman se serait encore mieux. Il ne faut pas croire que je n’aime pas passer du temps avec lui mais Alexandra reste dans mes pensées tout le temps. Malgré ce que j’ai dit à papa, j’étais contente que le voyage en France se termine pour la revoir. « Ne le dis pas à papa s’il te plait ! Mais moi aussi j’avais hâte de revenir ici.»

J’écoute maman parler de John avant de sourire lorsqu’elle accepte de réaliser le plat que je demande : « Bien sur que je t’aiderai à les préparer… » « Et même la table s’il le faut » me dis-je inconsciemment. Viens ensuite la discussion sur l’apprentissage d’une langue supplémentaire. « Je pense qu’au français pour le moment » avant de hausser les épaules et de continuer : « Car ça voudra dire des sous qui partiront dans des cours après l’école ou alors un changement d’école si je vais dans une classe d’immersion français »

Je sais que le jour où maman l’apprendra, je recevrai une belle engueulade et une belle punition ! C’est pour ça que j’accuse toujours Amber quand maman n’est pas dans les parages et qu’elle ne peut pas nous voir. Ce n’est pas un comportement digne de confiance mais merde je suis quand même une enfant ! Je n’ai par contre jamais tenté avec Daniel. Cela ne servirait surement à rien car il retiendrait pour sa fille biologique… Alexandra m’explique ensuite qu’il n’y a pas que les policiers qui peuvent punir mais aussi les juges et les avocats. Je ravale ma salive, car ce sont des personnes dont j’ai un peu peur… « Ils sont aussi dur avec les enfants ? » même s’ils sont là pour apprendre et protéger.

Mon sourire s’agrandit lorsque je sens la main de maman sur ma joue et il s’étend jusqu’à mes oreilles lorsque j’entends ses paroles. Je sais qu’il m’est parfois difficile d’avoir mes parents séparés surtout quand il est question de quitter New-York et Alexandra… J’ai toujours peur de l’abandon. Mais il y a les points positifs comme par exemple deux fois plus de cadeaux aux fêtes et anniversaires. « Merci maman de garder ça secret. »

Après quelques secondes de silence pendant lesquelles j’ai réfléchis, je dis : « Ou alors je pourrais mettre de vieux vêtements ? Je ne prendrai pas deux heures pour me changer. » Puis d’une voix plus enjouée : « Oh oui ça me plairait bien. Comme ça je pourrai aussi faire des gâteaux avec toi plus souvent. » J’aime passer des moments avec Alexandra et ceux que nous passons dans la cuisine sont souvent les meilleurs. Malheureusement, je trouve qu’il y en a trop peu… et que nous faisons peu de cuisine toutes les deux. Peut-être qu’avec l’achat d’un tablier (si possible à ma taille), on en fera un petit peu plus.

Des étoiles s’installent dans mes yeux lorsque nous parlons des cours de français. Je n’en crois pas mes oreilles, elle accepte vraiment que j’en prenne ou que je change d’école malgré le cout. Je souris tout en me levant de mon siège pour me rendre sur les genoux de maman et l’entourer de mes bras pour faire un câlin et un gros câlin : « C’est juste énorme ! Merci… Merci… Merci… Merci… Merci… Merci… maman… Je t’aime tellement. »

Concentrée sur la conversation sur les juges, je ne fais plus du tout attention à mon « quatre heure » qui se trouve sur la table devant moi. Je comprends petit à petit que les juges ne sont pas là que pour punir les citoyens et ça me rassure beaucoup. Je souris et fais un signe de tête positif avant de dire : « D’accord. » Et de replonger dans le reste de ma boisson.

Ce n’est pas facile pour maman de comprendre ce que je ressens car ma situation, elle ne l’a pas vécue personnellement et c’est difficile pour moi aussi car je me sens incomprise. Je pourrai en discuter avec Jack ou Sean, mais c’est un sujet délicat, donc je préfère me taire. Puis je ne me sens pas encore capable de leur confier mes secrets. En parlant de cachoteries, maman me fait sourire et rire avec sa question et d’un ton joyeux je réponds : « Bien sur que oui ! » Tout comme les frères et sœurs qui en ont mais là ça risque pas d’arriver tout de suite, je suis encore bien trop réservée envers mes grands frères et Amber est trop petite pour en avoir.

Je réfléchis ensuite en souriant lorsque maman me propose de choisir ce que je préfère. Les vieux vêtements sont une bonne idée mais ça ne fait pas « officiel. » Si Daniel me demande de faire la cuisine avec lui, j’irai mettre de vieux vêtements, mais me croira t-il ? Vu qu’il ne connait pas mon style vestimentaire et que je refuse qu’il passe un pied dans ma chambre. Alors qu’avec un tablier, même pour enfant, il n’aura pas le choix que d’accepter car ils sont là pour être salit. Je regarde maman, toujours le sourire aux lèvres et explique mon raisonnement : « L’idée des vieux vêtements est bonne, mais je ne sais pas si c’est vraiment la meilleure chose. Toi tu connais mes vêtements donc ça ira mais si j’ai envie de faire la cuisine quand Daniel est là, il ne me croira peut-être pas… Je préfère donc prendre un tablier que je pourrai salir lorsqu’on ira faire les prochaines courses. »

Assise sur les genoux d’Alexandra, je compte bien y rester plusieurs minutes. J’aime bien les câlins de papa mais ils ne sont pas pareils que ceux de mamans alors j’en profite un petit peu. Je reste calme tout en l’écoutant avec un sourire jusqu’aux oreilles. « Papa a son mot à dire pour le choix de l’école ou des activités ? Car j’aimerai lui faire la surprise la prochaine fois que je vais chez lui ou pendant les prochaines vacances en France car je sais déjà que je vais y retourner. » Ce n’est pas facile pour moi de comprendre qui entre maman et papa prend les grosses décisions à mon égard comme ils n’habitent pas dans la même ville et que je ne vois pas aussi souvent papa que je le voudrais.

Lorsque maman me montre mon gouter et me parle de celui-ci, je souris. Ce n’est pas que je n’en veux plus mais je fais une pause. Je ressens une douleur dans la gorge et l’œsophage, signe que j’ai mangé trop vite le dernier morceau. Je souris à nouveau et lui explique : « Je fais une pause. J’ai mangé trop vite et ça fait mal. » J’ai parfois la mauvaise habitude de manger trop vite, comme si ma famille allait me piquer mon assiette. Je tente de faire des efforts mais parfois j’ai quelques ratés. Je bois une gorgée de ma boisson et croque un plus petit morceau de gâteau.

Lorsque je regarde ma situation familiale, elle n’est pas si terrible que ça. Mon père biologique et ma mère adoptive s’entendent bien ce qui facilite les retours chez eux et les prises de décision me concernant. Le seul point négatif c’est la présence de Daniel et le mariage avec celui-ci mais je ne peux rien y faire donc je vis avec même si ce n’est pas facile tous les jours. Je souris à maman, super contente d’apprendre qu’il y en aura d’autres. Je suis très proche d’elle et j’espère que ça va encore continuer de belles années. Il est évident tout de même qu’il y aura des choses que je ne pourrai pas parler avec elle comme les bêtises d’adolescence, les séchages de cours et Daniel. « J’espère bien maman…  même s’il y aura des sujets que je ne pourrai pas te dire… » Je réfléchis, souris et lâche le plus sérieusement possible : « Comme les séchages de cours ! » Avant d’éclater de rire pour lui montrer que c’est une blague.

Je n’ai pas pensé aux tee-shirts que j’utilise pour la peinture et qui sont tout tachetés. Tout simplement parce qu’ils sont peu nombreux. J’ai l’art de faire attention à mes affaires même si parfois des accidents arrivent. « Je ne pensais plus à ceux là mais oui pourquoi pas… Enfin je préfère quand même un tablier. » Imaginons que je fasse de la peinture, j’en mets sur moi par accident, c’est mouillé et je risque d’en mettre partout… Ce n’est pas l’idéal donc autant garder les tee-shirts spéciaux Peinture et le tablier pour la cuisine. « En plus on pourra prendre de belles photos et les mettre dans mon album pour après les montrer à papa. » Dis-je en souriant et en réfléchissant déjà au tablier que je prendrai. J’ai déjà ma petite idée : j’imagine bien un avec Minnie dans les ton de rouge à points noirs. « Merci maman ! Surtout que j’ai déjà ma petite idée sur celui que j’aimerai bien. »

Bien mise sur les genoux de maman je sens ses bras autour de moi. J’écoute sa réponse et tout en haussant les épaules, je réponds sur un ton assez sec : « Ca n’arriverait pas si tu étais encore avec papa… » Un ton qui était sorti de ma bouche plus sec que ce que je n’aurai voulu. « Désolée… » Après quelques secondes, je baisse le regard et fini par écouter la suite de ses paroles en souriant un peu. « Tu imagines la tête qu’il fera quand il apprendra que je parle une seconde langue et en plus celle qu’on utilise quand je vais en vacances avec lui ? Qu’on ne sera plus perdu car on ne parle pas la même langue. Alors oui je préfère lui laisser la surprise. » Dis-je tout emballée par l’idée mais une question me chiffonne, qu’en sera-t-il de Daniel ? Toute sérieuse, je regarde à nouveau maman et lui sort : « Tu ne le diras pas non plus à Daniel hein ? » Je n’ai surement pas besoin d’expliquer le pourquoi du comment. Il n’est pas mon père ni ma mère. Il n’a aucun mot à dire là-dessus. Et son avis, je m’en fiche. Il pourra se le garder.

Je souris en voyant maman grimacer tout en écoutant ce qu’elle a me dire. Lorsqu’elle me pose sa première question je fais un signe négatif de la tête avant de répondre verbalement avec un sourire et d’une voix douce : « Non merci maman ça ira. Je sais bien mais c’est que c’est tellement bon !!!!! » Avant de mâcher longuement un morceau de « gâteau. »

Sachant que nous allions rire des bêtises, j’arrête de manger pour ne pas qu’un morceau tombe « dans le trou du dimanche » et ne m’étouffe. Je souris et d’un regard malicieux, je mets cette idée dans un coin de ma tête avant de dire d’une voix sérieuse : « Compte sur moi ! Tu viens en plus de me donner une sacrée idée ! » Lorsque Daniel me punira, je tenterai par tous les moyens de m’enfuir de la maison sans dire évidemment que c’est maman qui m’a donné l’idée et l’envie de désobéir encore plus lorsqu’il s’agit de mon beau-père. Je sens ensuite la chair de poule m’envahir lorsqu’elle énonce les punitions mais quand elle éclate de rire, je fais pareil pour détendre mon atmosphère. J’ai toujours eu peur de ces deux endroits dans la maison. Pourquoi je n’en sais trop rien. J’ai peur de certaines choses et je ne peux l’expliquer c’est ainsi. « Tu n’auras pas besoin de m’apporter de l’eau ou un crouton de pain, je serai déjà morte de trouille. Tu sais bien que je ne suis pas très fan des greniers et des caves. » Raison de plus pour moi d’écouter à l’avenir ce qu’ils me disent.

Je reprends un morceau de gâteau et le place dans ma bouche en écoutant les paroles de maman. Elle me laisse carte blanche pour le choisir. Mon sourire s’agrandit et je ne peux m’empêcher de lui dire : « Il ne sera pas des couleurs que tu as citée. J’imagine bien un dans les tons de rouges à poids noirs avec la tête de Mickey ou de Minnie dessus. » Je n’ai jamais été très fan des photos mais maintenant que papa et maman sont séparés et que papa demande parfois des photos, je suis bien obligée de demander d’en faire quelques unes.

Je remarque ensuite rapidement que maman ne dit rien et qu’elle se contente de relever mon menton et me regarder. Je baisse le regard n’aimant pas trop regarder les gens dans les yeux et l’écoute attentivement sans répondre quoique ce soit pendant quelques minutes. Ensuite d’une voix douce je dis : « Je comprends mais je ne veux pas qu’il soit au courant. Si quelqu’un doit venir me rechercher : je préfère que ce soit toi, marraine, tatie Jade ou tatie Alexiane mais pas lui s’il te plait ? »

Lorsque les premières paroles de maman arrivent à mes oreilles, je souris. L’hôpital, même en pédiatrie ne fait pas de bons plateaux repas mais les pâtisseries et les gâteaux sont à tomber par terre. Je me rappelle de mon passage à l’hôpital à Chicago pendant l’absence de maman. Je ne mangeais presque rien de mes repas mais je me rattrapais à la cafétéria. Je regarde maman en souriant et lui dit d’une voix douce avant de rigoler : « Ceux de Chicago sont bons aussi. Par contre leurs repas… Dégueulasse ! » Je m’arrête un instant, réfléchissant à la question : Est-ce que maman est au courant que j’ai été hospitalisé après son départ ? Je la regarde à nouveau et dit calmement puis en souriant : « Pendant ton absence j’ai été à l’hôpital quelques jours. Papa m’a expliqué que j’avais une appendicite. Après l’opération, je ne mangeais pas mes repas car je n’aimais pas alors il allait chercher des gâteaux à la cafétéria. »

J’écoute à nouveau maman et lorsqu’elle me demande de manger doucement, je souris et fait un signe positif de la tête. Comme promis, je mange plus lentement tout en écoutant ce qu’elle à me dire concernant les bêtises. Je rigole à son genre et répond sérieusement : « Depuis qu’elles sont sortie de ta bouche ! Mais ne t’inquiète pas maman, tu ne devras pas me punir car elles ne seront pas pour toi. » Dis-je avec un sourire en coin. Il ne fallait pas un dessin à maman pour comprendre de qui je parlais. Je sais que les punitions dans la cave ou dans le grenier sont des menaces en l’air enfin du moins je l’espère de tout mon cœur.

Il est possible de trouver un tablier comme ça dans les boutiques de DisneyWorld ou dans les boutiques de Disney store. Je hausse les épaules car je n’ai aucune idée de la réponse. « Je ne sais pas maman… Je n’ai jamais mit les pieds à Disney et je ne connais pas les boutiques Disney Store. » Si c’est un magasin Disney, c’est chouette mais ça risque d’être trop tentant ! Un enfant avec des milliers d’objets Disney c’est le pied mais ça peut devenir une vraie catastrophe.

En parlant de catastrophe, il risque d’y en avoir. En effet, je ne suis pas très d’accord avec maman. Je refuse catégoriquement que Daniel soit au courant de ma nouvelle école même si selon elle, il est autant responsable de moi que papa ou maman. « Alors je refuserai de monter dans la voiture quand il viendra. » Le retour se passait bien jusque maintenant mais là je ne veux pas lâcher l’affaire et ça risque de déraper. Je regarde maman et reste silencieuse ! Si seulement elle pouvait comprendre que je ne me sens pas en sécurité avec mon beau-père.