Mégane & Matthew

Aujourd'hui, Matt ne travaillait pas. Enfin il travaillait tout le temps, puisque qu'on pouvait avoir besoin de lui à n'importe quel moment. On était pas à l'abri qu'un riche fils à papa se fasse embarquer par les flics après une soirée trop arrosé et qu'il est besoin d'un avocat. Mais ce n'était pas aussi contraignant qu'un flic, un pompier ou un médecin.

Si bien qu'il avait décidé de ne prendre aucun rendez-vous professionnel et avait annoncé qu'il ne viendrait pas au cabinet. Ce que le commun des mortels appelle un jour de repos. C'était donc en ce jour de repos qu'il avait rendez-vous à l'hôpital pour voir son docteur en vu de son opération.

Il patienta trois-quart d'heure que son tour vienne. Voyant s'enchaîner deux patients du Doc devant lui. Elle finit par l'appeler et de venir à lui en le félicitant de ne pas avoir tapé un scandale.
Non pas aujourd'hui. J'ai décidé de la jouer discret cette fois-ci. Mais si ça vous manque ou vous perturbe je peux toujours revenir sur ma décision.

Mégane & Matthew

Il fronce les sourcils. Un gentil garçon ? Rappelez vous que je suis votre aîné... ce n'est pas le genre de formule qui m'irait le mieux. Je le sais, vous êtes une femme de paroles. Que ce soit pour les promesses ou les menaces. Mais méfiez-vous tout de même des menaces, il n'est pas toujours bon de se vanter d'en faire. Vous pourriez tomber sur une personne dangereuse à qui ça ne plairait pas.
Il rit gentiment. Vous êtes souffrante ? Nous sommes d'accord que c'est vous le médecin, ce n'est pas ironique que c'est vous qui soyez malade ?

Il se lève à la demande de son médecin et la suit dans son bureau. Elle peut constater qu'il a plus de facilités à se déplacer que la dernière fois. Malgré qu'il boite toujours et utilise sa canne, il ne semble plus souffrir.

Mégane & Matthew

Il penche la tête pour réfléchir. Je dirais que j'aurais préférer un échange courtois entre deux adultes plutôt que d'être rabaissé au rang de petit garçon. Surtout venant d'un docteur, figure censée représenter l'intelligence et la connaissance dans notre société. lance-t-il avec humour et une pointe d'hautaineté.

À sa remarque sur sa sollicitude, il lui renvoie son sourire. Je vous en prie, je suis quelqu'un d'assez empathique, c'est important dans des métiers de contact. Je peux me réjouir ou m'attrister facilement pour une personne que je connais à peine. Mais au delà de ça, si vous tombiez malade je devrais me trouver un autre médecin et ça... ça ne m'arrange pas. dit-il en riant.

Il ne s'aide pas du bras de Mégane, mais il est touché de l'offre et de sa bienveillance. Il entre dans le bureau et enlève son manteau. Oui, je me souviens pas de ce bureau. Il s'installe sur une chaise et la regarde s'installer. Dîtes, j'ai joué le jeu devant vos autres patients, mais puisque nous avons dîner ensemble, soirée très agréable en passant, et maintenant que nous sommes seul à seul, si on reprenait le tutoiement ?

Mégane & Matthew

Rabaissé, c'était peut-être un terme un peu fort. Disons plutôt froissé et encore j'ai peur que ça soit un poil exagéré. Mais oui, j'ai bien compris que c'était de la taquinerie. Cette fois vous ne pouvez pas nier que c'est vous qui avez commencé à jouer avec moi. Il rit. Gentillesse ? Vous, vous êtes gentille vraiment très adorable, mais je pourrais pas qualifier tous les médecins ainsi. J'en ai rencontré beaucoup et c'était pour la plupart des vrais cons.

Et si je vous dis, que je ne veux pas repartir à la recherche d'un médecin parce que vous êtes la plus fabuleuse doctoresse que j'ai rencontré et que je serais vraiment peiné de devoir me séparer de vous. Et que vous me manqueriez énormément. dit-il en faisant des petits yeux de chats tout triste. Est ce que cela vous réconforterais ?

Il termine de s'installer à son aise. Dans ce cas, marché conclu. Tu as ma parole. Il fronce les sourcils. Ah bon ? Si un membre de ta famille ou un ami proche venait te demander de l'opérer, tu refuserais ?

Mégane & Matthew

Vous avez intérêt à vous punir, sinon en tant que papa responsable je viendrais moi même vous y mettre au coin. Et en cas de débordement, je me verrais contraint d'appeler vos parents, nah ! Il plisse ses yeux pour la regarder malicieusement. J'aimerais bien voir ça. Comment comptez vous faire cesser ce jeu ? Il reprends son sourire. Mais ne vous gênez pas, j'adore les embrassades, qu'elles soient tendres ou passionnées.

Il rit. Ne voyez pas des manipulations de ma part partout. Ce n'est que pour vous rassurer et pouvoir garder de bons rapports entre nous. Mais au vu de ce que vous me dites, aurais-je réussi à vous mettre dans ma poche ? Je peux donc vous demander ce que je veux ?

Il fait un oui de la tête. D'accord je comprends. Oui l'affect peut entrer en conflit avec le professionnalisme. Et ça vaut pour beaucoup de métiers sociaux.
Pourtant tu continues à vouloir m'opérer alors que nous avons dîner ensemble. Même si pour nous ça ne signifie pas grand chose, pour un œil extérieur cela pourrait être considérer comme un manque de déontologie. À l'instar de ce serveur qui nous a pris pour un couple et nous a offert une coupette de champagne parce qu'il nous trouvait mignon. Comme quoi notre soirée peux laisser paraître autre chose que ce que c'était.

Mégane & Matthew

Quel crétin ! Je suis désolé de l'apprendre. Et moi qui en plaisantait. Je ne peux pas savoir comment cela a du être difficile. J'ai la chance d'avoir encore ma mère et mon père nous a quittés il y a huit ans. Il fit l'effort de continuer la blague même si le cœur n'y était plus vraiment. Je suis un papa responsable maintenant. Je peux faire preuve d'autorité, croyez moi sur parole. Il croise les bras comme pour la mettre au défi. C'est un peu de la triche ça, non ? Enfin, je vous remercie, mais j'ai passé une excellente nuit et je n'ai pas envie de faire de sieste.

Décidément, vous n'êtes pas douée pour me faire des cadeaux. J'aimerais juste faire tout ce que je veux de vous, et vous, vous protestez. Oui, vous êtes trop sérieuse et je le déplore. Je ne demande pas que vous vous changiez en docteur Foldingue, mais je sais pas... un peu de fantaisie ne peux pas faire de mal.

Il hoche à son tour un oui de la tête. Oui, je commence à comprendre. Je suis à la fois vexé de ne pas être assez proche de toi pour t'inquiéter et à la fois rassuré de savoir que tu sauras rester professionnelle. Enfin...
C'est exact, mais si tu avais accepté de jouer le jeu du couple, il nous aurait aussi offert le dessert. Il n'y a eu aucune ambiguïté et je suis content que nous ayons appris un peu mieux à se connaître avant mon opération. Ce n'est pas que je n'avais pas confiance avant ce dîner, mais disons qu'il m'a permis de voir que tu pouvais faire preuve d'empathie et que tu n'étais pas un simple robot-docteur sans état d'âme.

Mégane & Matthew

Il baisse les yeux. C'est un excellent conseil que je ne suis pas assez souvent, malheureusement. Elle vit en Russie depuis... depuis toujours en fait. Il fait des yeux noirs. Faites attention à ce que vous dîtes. Vous voulez voir si je suis un papa responsable ou si je peux faire preuve d'autorité ? Cependant, dans un cas comme dans l'autre vous pourriez bien avoir à le regretter. Il sourit. Ah les femmes sont des tricheuses ? Je l'ignorais à vrai dire. Je vous connaissais perfides, manipulatrices et parfois menteuses, mais tricheuses... vous êtes la première à me l'avouer. Et je suis très déçu, moi qui vous tenais en si grande estime.

Un petit peu problématique en effet. Disons que c'est un mal pour un bien. Mais quand j'y pense, je préfère te garder simplement comme médecin et que tu restes professionnel, puis après, rien ne nous empêche de devenir plus proche une fois l'opération passée. Ça me semble un bon compromis, non ?
Ce n'est pas de ma faute si tu caches tes dîners plus ou moins professionnels à ton compagnon. Je ne sais pas ce que tu lui as raconté, mais si tu as été honnête, il n'y a pas de risque qu'il s'imagine des choses même si on se fait surprendre à se tenir la main. Car c'est tout ce qu'il suffisait, je n'allais pas faire une fausse demande en mariage pour uniquement obtenir mon fameux dessert gratuit.
Je l'avoue. Ce n'était pas contre toi personnellement. J'ai toujours eu des réticences avec l'ensemble du personnel médical. Et te connaître en tant que personne et non plus en tant que docteur, m'a fait oublier mes réticences à ton encontre.

Mégane & Matthew

Il rit doucement. C'est prévu. Je l'ai invité à passer les fêtes en Amérique. Je vais en profiter pour lui présenter ma fille, dont elle ignore toujours l'existence. Méfiez-vous de l'eau qui dort, disait le poète. Vous n'avez pas peur parce que je n'ai encore rien fait contre vous. Mais si vous gardez ce ton menaçant avec moi, vous pourriez bien réveiller le démon qui se trouve en moi. Et là, qui s'en mordra les doigts ? dit-il le sourire en coin, signe qu'il n'était pas sérieux dans ses propos, fort heureusement. Je suis déçu parce que je croyais jouer à la régulière avec une femme intègre et que je me suis tromper sur vous. Je ne cherche pas à être gentil juste à dire mon ressenti. C'est de votre faute si vous avez baisser dans mon estime, pas la mienne. Je vous rassure, vous en avez encore suffisamment pour qu'on continue cet entretien.

Parfait dans ce cas.
Donc maintenant je suis une charmante compagnie, intéressant. C'est bon à savoir. Je la ressortirait à une de mes prétendantes si jamais elle a le malheur d'insinuer que je ne suis pas de bonne compagnie. dit-il fièrement. Wouahou... il sait la chance qu'il a d'avoir décrocher ton cœur ? Ça doit être un mec vraiment génial pour avoir réussi cet exploit, alors que tu disais être mariée à ton boulot la dernière fois qu'on s'est vus.

Il se lève et se rapproche de la baie vitrée contre laquelle il s'accoude. Il regarde dehors, incapable de soutenir le regard de Mégane s'il voulait pouvoir répondre. Je l'ignore, bien que j'ai quelques pistes. Peut-être est ce plus facile de leur en vouloir pour ma jambe plutôt que d'assumer le fait que j'ai merdé après ma première opération, en ne suivant pas mon traitement comme je te l'avais raconté l'autre fois. Ou bien plus facile de leur mettre la mort de mon père sur le dos plutôt que de faire mon deuil, va savoir. Ou tout simplement un mélange des deux. Il se tourne et la regarde puis s'adosse à la fenêtre. Je sais que je suis le seul responsable de l'état dans lequel je suis. Et je crois que même à mon âge, j'ai toujours du mal à assumer mes erreurs et mes pertes.

Mégane & Matthew

J'espère, je suis mortifié à l'idée que ça se passe mal. Il balance la tête de droite à gauche, signe qu'il réfléchit. Tout un tas de trucs. Je pourrais vous punir d'avoir eu des propos déplacés à l'encontre de mon postérieur et de m'avoir menacé avec une seringue de tranquillisant. Non rien d'aussi surnaturel. Le bon vieux démon de la Bible, tout simplement. Celui qui pervertit les esprits pures et tente les bonnes âmes. Il sourit. Non, inutile d'en venir à de telles extrémités. Vous trouverez bien le moyen de vous racheter et de remonter dans mon estime. Il lui tire la langue puis rigole.

Moi ? Si bien sûr que je le suis. Mais ce sont les autres femmes qu'il faut convaincre, pas moi. Je pense être quelqu'un d'adorable, je suis galant, attentionné et très rigolo. dit-il avec toute la modestie qui le caractérise. Oh mais quelle poète. Aucune femme n'a dit de telles choses à mon sujet, je pourrais être jaloux de ton homme bientôt. Tu es vraiment accro à lui ? Vous avez des projets de vie ? Mariage, enfant ?

C'est vrai qu'il avait besoin de vider un peu de son sac. Une fois fait, il revient vers le bureau et se rassoit à sa place. C'est étrange comment il déteste les psys alors qu'il aurait bien besoin d'en voir un. Ce que Mégane finit par lui faire remarquer. Je pense pas que je puisse en parler à un psy. Là j'arrive à t'en parler parce que j'ai confiance en toi. J'ai déjà du mal avec les médecins, mais alors avec les psys c'est pire, tu sais.
Je dois apprendre de mes erreurs, comme dit ma fille, aujourd'hui je ne veux plus que ça recommence. Cette opération sera la dernière qu'elle passe ou qu'elle casse. dit-il d'un ton déterminé.

Mégane & Matthew

Non, je ne pense pas. C'est juste que notre passé commun est plus que chaotique et j'aimerais qu'elles s'entendent bien. Ce sont deux des femmes que j'aime le plus au monde. C'est normal que je veuille que ça se passe bien, non ? Sans compter que ce sont deux fortes personnalités. Je ne sais pas si j'arriverais à les gérer. Je n'ai pas vu ma mère depuis longtemps et je ne connais ma fille que depuis fort peu de temps. Il part de nouveau en réflexion. Non, je n'en ai pas. J'en trouverai, c'est mon métier après tout. Tout le monde à sa faiblesse qui peut le faire basculer du côté obscur. Ce monde regorge de gens bien attentionnés qui finissent par ce pervertir, pour l'argent, le pouvoir ou simplement l'amour. Il rigole. Je pense que vous n'aurez pas trop de mal. Il vous reste encore tout mon respect à défaut de mon estime.

Tu sais, on accorde beaucoup de crédit à ce que dis un médecin. Sinon, on ne vous confierait pas notre plus grand bien, notre santé. On vous fait confiance alors je pense que ta parole suffira à les convaincre. Je pense plutôt que tu trouves que je ne serais pas une bonne compagnie pour une femme. Raison pour laquelle tu refuses de "plaider ma cause". Il éclate de rire. Ne vois pas de message bizarre dans ce que je vient de dire. Je disais jaloux en tant qu'homme pas en tant que TON homme. J'aimerais avoir comme lui, une femme qui dit de jolies choses sur moi. C'est tout. Tant que vous êtes sur de vouloir aller à la même vitesse, c'est l'important. Vous êtes ensemble depuis longtemps ?

Il hausse les épaules. Je ferrai en sorte que ça se passe bien dans ce cas. J'espère juste en choisir un bon et pas un de ces charlatans. Promis, je vais tout miser sur cette opération. Depuis la dernière fois, j'ai trouvé des choses qui me donnent envie de me battre et de surtout rester en vie. Il claque les mains sur ses cuisses. Bien ! Tu as de bonnes nouvelles pour moi ? Comment se passe les préparatifs de l'opération ?