Lorsque les vacances scolaires approchent, je demande souvent à marraine de me conduire chez papa les week-ends précédents afin de préparer le voyage tant attendu dans le sud-ouest de la France. Comme à notre habitude, le week-end avant le départ papa me donne une feuille avec la quantité des vêtements qu’il faut prendre en fonction des semaines où nous partons et de la saison. Car oui selon papa nous partirions au moins trois fois par an !

Il y a un mois, alors que je suis à Chicago, papa me présente à une madame qui s’appelle Caroline. Il me la présente comme une amie mais je pense qu’elle est bien plus que ça. Un peu comme Daniel est pour maman mais sans être marié. Sur les deux jours où je reste, elle est présente qu’un jour, l’autre elle est chez elle. Je lui ai déjà demandé pourquoi elle restait qu’une seule journée et sa réponse m’a tout de suite mit la puce à l’oreille enfin je me fais peut-être des idées mais je me trompe rarement… Si je « parle » d’elle, c’est que pour cette semaine de vacances, elle est avec nous et son sac est préparé à côté de celui de papa et du mien.

Une fois au gite, je monte dans ma chambre afin de ranger mes affaires dans mon armoire. Quand je redescends quelques minutes plus tard, j’ai bien vite comprit que je ne me suis pas trompée en pensant qu’ils étaient ensembles mais je ne montre rien. Enfin si une certaine distance avec Caroline et parfois un ton sec ou méchant envers elle. Ne comprenant pas mon comportement papa a une discussion avec moi. Il m’annonce que c’est sa nouvelle copine et qu’ils vont surement vivre ensembles, qu’ils ne comprennent pas ma réaction si différente du jour et des semaines avec Caro. Ma réponse est toute simple : « M.A.M.A.N » J’apprécie énormément Caroline qui est ma belle-mère mais je déteste mon beau-père, j’ai peur que maman ne m’aime plus ou qu’elle m’en veuille. Sa réponse me rassure un peu même si je sais que la meilleure chose est d’en parler directement avec elle.

Une fois à l’aéroport maman est présente et je lui cours dans les bras pour lui faire un câlin et un gros bisou. « Coucou maman !!!! » Dis-je avec un sourire avant de lui prendre la main pour aller chercher mes bagages et rentrer à la maison pour avoir une grande discussion.

J’aime passer du temps avec papa car c’est souvent synonyme d’aventures et de voyage contrairement à maman avec qui on reste le plus souvent en ville. Quand je retourne à Chicago, il est rare que je reste à la maison à m’ennuyer. Malheureusement j’ai toujours cette petite pointe d’angoisse qui s’anime au moment de quitter maman et de retourner à New-York car j’ai toujours un peu peur qu’elle m’abandonne à nouveau ou qu’elle m’annonce une nouvelle grossesse même si je sais que son cœur est assez grand pour aimer tous ses enfants.

Les vacances se sont plutôt bien déroulées : le soleil était au rendez-vous ainsi que les promenades au bord de l’eau : près de la Tardoire ou au Lac de Saint-Estèphe, même si celui-ci était quelque peu vidé. Avec les couleurs de l’automne et le soleil qui se couche tôt, papa a pu prendre de sacrés photos qu’on pourra mettre dans mon album… Bref de supers bonnes vacances même si notre famille compte une personne de plus qu’avant.

Arrivée à l’aéroport l’ennui et la fatigue font place à l’excitation mais aussi à la petite pointe d’angoisse. Heureusement lorsque j’aperçois Alexandra, je remarque qu’elle est seule et qu’elle n’a pas changé. Je lui saute presque dans les bras et après lui avoir fait un gros bisou je lui dis d’une voix toute excitée : « Toi aussi tu m’as manqué maman. » Avant de la laisser se relever et gardant précieusement sa main dans la mienne.

Lorsque ma valise arrive à bon port, je laisse maman la prendre. Celle-ci étant un peu trop lourde pour mes petits bras. Nous quittons l’aéroport et nous dirigeons vers la voiture. J’attends que maman ouvre les portières pour m’installer à l’arrière du véhicule même si j’aimerai beaucoup être à l’avant. « Oui super ! Il a fait soleil jusqu’à jeudi. Avec papa on en a profité pour se promener au bord du lac même s’il était vidé ! Il ne restait qu’un fond d’eau pour les poissons. On a mangé des supers bonnes fraises et avec Caroline on a sorti… » « Merde j’ai lâché le prénom de ma belle-mère, j’espère qu’elle ne posera pas de questions ou qu’elle pensera que c’est le propriétaire du gite. Sauf que vu mon silence elle va se douter de quelque chose… » « On a sorti les vaches de l’étable pour les mettre dans un pré qui se situe un peu plus bas de la ferme. »

Je me souviens du jour où je me suis installée à New-York lorsque papa était toujours là avec ma belle-mère de l’époque : maman m’avait expliqué que malgré la présence d’Amber elle m’aimait toujours et ne m’avait pas oublié. Que même si elle avait un enfant biologique, je serai toujours sa fille quoiqu’il arrive. J’ai eu du mal à la croire mais aujourd’hui je prends pleinement conscience que c’est le cas car je réalise que moi aussi dans mon cœur j’ai la place pour avoir « deux maman » : Alexandra et ma belle-mère et peut-être « deux papa » même si c’est vachement plus difficile pour moi d’accepter Daniel dans ma vie et comme beau-père.

Lors d’une précédente discussion, j’ai pointé une peur chez maman que je ne pensais pas qu’elle avait. Certes je pourrai lui dire que je décide de la quitter à cause de Daniel mais ça nous feraient mal à toutes les deux alors je reste. J’aime mon papa et sa nouvelle copine, mais celle-ci ne pourra jamais être ma maman. Elle ne pourra jamais arriver à la cheville d’Alexandra, elle qui me connaît si bien et m’a vu grandir !

Assise dans la voiture, je boucle ma ceinture et attends sagement que maman démarre. Lorsqu’elle parle de papa, je souris car Alexandra dit absolument vrai : « Oui et ce n’est pas tout : En plus des promenades au bord du lac et de la rivière, on a été sur le marché et on a visité deux châteaux et un musée sur la bande dessinée. Papa m’a fait découvrir l’univers de Tintin et Milou. Tu connais ? C’est un reporter et son petit chien. » Dis-je avant de fouiller dans mon sac à dos et de sortir le petit chien en peluche. « Milou c’est lui. Papa me l’a offert. » En réalité ce n’est pas papa qui m’a fait ce cadeau mais comme je ne veux pas encore annoncer à maman que j’ai une belle-mère, je trouve cette excuse. « Et même pour les week-ends ! Papa m’a promis d’aller deux ou trois jours à Disneyland Paris. » J’ai un papa qui sait que j’aime apprendre de nouvelle chose c’est pour ça qu’à chaque fois qu’il part, il tente de me prendre avec pour que j’apprenne de nouvelles choses.

Alors que j’entends sa dernière phrase, j’éclate de rire. Je n’ai jamais eu peur des vaches. Enfin si une car elle n’est pas gentille : par peur, elle fonce sur les gens quand on donne la farine donc je ne m’en occupe pas. « Non je n’ai pas eu peur car il n’y avait pas la méchante qui fonce sur les gens ! » Dis-je soulagé de savoir que maman ne poserait pas de questions sur Caroline. Je la regarde ensuite en baillant avant de fermer les yeux et de m’endormir jusqu’à la maison.

Quand le moteur se met en route, je regarde le paysage défilé : l’aéroport laissant place à la verdure le long de la route. J’écoute maman et sourit à sa réponse : « J’aurai bien aimé acheter une bande dessinée mais papa trouvait que c’était cher. Tu les as toujours ? » Je croise les doigts que oui, car j’aimerai découvrir leurs histoires mais l’intérêt est encore plus grand lorsqu’elle parle de la télévision. « Wow ! Tu crois qu’ils existent en DVD ? C’était lequel que tu préférais ? Oui j’ai fait beaucoup des photos. Papa a dit qu’il les enverra dans la semaine par e-mail. » Sortant Milou de mon sac, maman fait un commentaire et je ne peux que rire à ce qu’elle dit : « Papa a accepté que je le prenne à une condition : que je donne ou jette une de mes peluches. » Je suis un peu contre de jeter mes peluches donc je demanderai à maman si elle ne connaît pas quelqu’un qui l’accepterait.

Je souris, surtout qu’il y aura normalement Caroline qui viendra avec nous. Je l’aime bien, ça me fait plaisir de savoir qu’elle sera là mais la peine est aussi présente car je n’aurai jamais l’occasion de le faire avec maman. « J’espère ! Tu sais je me réjouis d’y aller avec papa… mais ça me rend triste aussi car j’aurai bien aimé y aller avec toi » Avec le travail de maman et de mon beau-père, il est difficile de me rendre dans un parc d’attraction ou en vacances. « J’aimerai bien refaire une sortie avec toi. » J’exagère peut-être, je reviens d’une semaine de vacances avec papa alors que Jack, Amber et Sean n’ont pas eu cette chance mais voilà maman me manque et j’en ai un peu marre de voir dans mon album photo que des photos de voyage avec papa. Me rappelant de la dernière question, je réfléchis quelques instants avant de répondre calmement : « Je ne sais pas encore maman. Il a parlé d’un long week-end ou de vacances pour ne pas que je rate l’école. »

Oui les vaches sont imposantes mais assez gentilles. Les seules que je n’approche pas sont celles qui sont nouvelles ou qui foncent sur les personnes par peur. J’ai reçu du lait frais mais je n’ai pas pu les traire, la propriétaire ne voulant pas par sécurité. « La propriétaire n’a pas voulu par sécurité. Par contre j’ai surveillé les petits veaux et j’ai pu leur donner le biberon. » Dis-je avec une certaine fierté dans la voix avant de fermer les yeux et de m’endormir jusqu’à la maison.

Quand la voiture s’arrête, j’ouvre les yeux, je prends mon sac dans une main et « Milou » de l’autre. J’attends que maman m’ouvre la portière et sors pour me mettre devant la porte. Une fois dans la maison, j’ouvre ma valise afin de mettre mon linge dans le panier et de monter dans ma chambre pour ranger mes affaires. Une fois terminé, je m’installe sur mon lit et regarde la photo de Caroline, papa et moi et me perds dans mes pensées.

C’est avec une impatience grandissante que j’attends la réponse de maman. Et c’est sans me tortiller de joie que j’apprends qu’elle doit encore avoir les bandes dessinées et que ça existe en DVD. « Tu crois qu’on pourra aller voir au magasin pour les acheter ? » Dis-je d’une voix enjouée avant d’écouter la suite de son roman et de sourire tout en réfléchissant : « Je n’ai pas vu d’épisodes en entier que des petits bouts. Et j’ai bien aimé celui avec des bijoux volés… » Après quelques secondes de réflexion je hausse les épaules et dis : « J’ai oublié le nom de la chanteuse… » Un sourire s’échappe à nouveau de mes lèvres lorsque le sujet des photos arrivent sur le tapis.

« Je ferai un choix car il en a fait vraiment beaucoup… » Au fonçage des yeux je comprends que maman ne comprends pas. « Merde… je suis tombée dans mon propre piège. Il faut que je trouve une solution et vite… Réfléchis… Réfléchis… Réfléchis… » « Une de la maison, j’en ai pas beaucoup chez papa… Je ne veux pas en jeter mais je veux bien en donner pour les enfants malades de l’hôpital. » L’année dernière, j’ai lu un papier à l’hôpital comme quoi le père noël cherchait des jouets pour les enfants malades ou seuls. A ce moment là j’étais trop petite pour comprendre mais j’ai grandit et je comprends. Tous les enfants ne sont pas comme moi.

« Oui mais ça ne sera pas pareil. J’aime bien papa et ces voyages… Mais j’aimerai d’autres photos… D’autres villes, d’autres pays et avec toi. » C’est évidemment que le jour où j’irai à Disney, je l’expliquerai à maman et je lui téléphonerai le soir pour lui expliquer ma journée mais ça ne sera pas pareil. « La fête foraine me va très bien... mais… tu ne voudrais pas partir autre part qu’à New-York ? » Même si ça veut dire partir avec Daniel et sa famille.

Les vaches ! Des animaux fantastiques enfin quand elles le veulent. Elles sont gentilles quand on leur apporte le repas. Et le plus impressionnant c’est quand elle appelle leur petit. « Tu sais que les vaches, elles ont deux cris : plusieurs petit meuh, selon la propriétaire ça veut dire qu’elle pleure leur petit et quand c’est un long meuh… les vaches les appelle. Oui ça m’a plu… En plus il y en avait un qui n’arrêtait pas de vouloir téter mon manteau, mes bottes enfin tout ce qu’il trouvait. C’était trop mignon ! J’ai apprit aussi que les vaches n’avaient pas de dents au dessus, elles n’en ont qu’en bas… » Et mon meilleur souvenir pour la fin : « J’ai pu caresser un taureau… Lui était dans son pré, il était près de la barrière, j’ai proposé ma main il est venu la sentir et j’ai caressé le bout de son nez. »

Une fois dans la maison, elle me demande si j’ai besoin d’aide pour défaire ma valise. Assise sur mon lit en tailleur, je tente de rendre ma voix un peu plus sur pourtant je sais que maman devinera qu’il y a quelque chose qui ne va pas : « Non ça va… merci maman… » Quelques minutes plus tard, quand j’ai terminé, je dépose ma photo et le cadre sur ma table de nuit mais sans faire exprès je la fais tomber et le verre se brise. « MERCREDI ! » Dis-je d’une voix embêtée et en pleurnichant avant de retrouver maman pour lui dire ma catastrophe : « Maman tu peux venir dans ma chambre s’il te plait, j’ai fait tombé un cadre et le verre s’est cassé. » Une fois dans ma chambre, je tente de cacher la photo de Caroline, papa et moi mais je suppose que maman a déjà du la voir.

« Merci maman. » Je tente de réfléchir au nom de la chanteuse du film mais ça ne me revient pas. Pourtant quand maman parle de la Castafiore ça me revient de suite. « Oui c’est ça. La Castafiore… Mais je ne sais pas si elle est italienne. » Je souris à la suite de ces paroles car oui si j’attendais maman pour des photos, je n’en aurai pas des masses… mais c’est ainsi alors j’en profite avec papa et parfois marraine.

Selon ses dires une action se fait tous les ans à Noël qui consiste à donner un cadeau à un enfant malade ou à l’orphelinat. Je souris à l’idée de faire plaisir à un enfant mais ça m’attriste de savoir que des enfants n’ont pas de famille et qu’ils passeront Noël sans parents. « C’est un choix pas facile maman… » Enfin j’ai encore le temps Noël est dans plus de 4 semaines. J’aimerai faire les deux mais est ce que ça sera possible ? Bonne question…

Parler des vacances est quelque chose que j’adore. Avec papa nous partons parfois à la mer et maintenant deux à trois fois par ans à la campagne. Je n’ai jamais vu la montagne alors pourquoi pas y aller avec maman et sa famille ? « Je n’ai jamais été en montagne... C’est vrai tu vas réfléchir à ça ? Ce serait chouette… » Même si j’ai un peu peur du ski car je n’en ai jamais fait depuis que je suis arrivée dans ce monde. Je parle ensuite des vaches et rigole à ce que maman dit sur les vaches. « Il faudra te donner des cours maman ou alors t’envoyer dans une ferme pour apprendre tout ce que j’ai apprit. Oui de très bons souvenirs même si je suis triste car j’aime bien m’en occuper et ici il y a pas vraiment de vaches. » Je souris en repensant à « Hercule » et « Luxor, » les deux taureaux de la propriétaire avant de dire : « Oui un taureau, non je n’ai pas eu peur, il ne soufflait pas et ses cornes n’ont pas fini de pousser. C’est encore un jeune. Il s’appelle Luxor. Il y en a un deuxième aussi qui s’appelle Hercule. Lui il est adulte donc j’en ai un peu peur mais un jour il est venu voir ce que je faisais et il était calme mais je l’ai pas touché. »

Je refuse l’aide de maman, par contre quand je casse le verre j’appelle maman car elle refuse que je touche aux morceaux de verre. C’est pour ça que je l’appelle au lieu de le faire moi-même malgré mon secret. « Je sais maman, c’est pour ça que je t’appelle. » Quelques minutes plus tard, la voilà qui monte pour ramasser les morceaux de verre. « Merci maman… Tu pourras enlever la photo du reste du cadre s’il te plait ? » C’est évident que si je ne peux pas toucher les morceaux à terre, le cadre je ne peux pas le faire non plus. Je vois ensuite maman sourire à la photo en disant qu’elle est très jolie. Je grimace et annonce avec un peu de peur dans la voix : « Merci maman… C’est papa et Caroline… »

Depuis mon retour à New-York, il est vrai que maman n’a jamais travaillé à Noël car elle veut rester avec nous. Malheureusement contrairement à Jack, Sean et Amber, je n’ai pas maman toutes les années. Une fois sur deux, je pars à Chicago pour passer Noël chez papa et sa famille. C’est chouette mais maman me manque toujours, heureusement papa prenait souvent des photos pour les envoyer à maman et je prenais toujours le téléphone de papa pour envoyer quelques textos. Cette année, je ne sais pas chez qui je vais mais j’avoue que ça ne me dérangerait pas d’aller chez papa pour passer mon premier Noël avec Caroline. Enfin je garde ça pour moi je ne voudrai pas faire de peine à maman. Je me concentre ensuite sur ses paroles, réfléchis et finit par sourire : « Oui c’est une bonne idée mais… deux peluches ce n’est pas assez. S’ils n’en ont pas assez, des enfants vont être tristes.  L’idée des vêtements me plait bien aussi. On pourrait faire les deux ? »

Je souris aux prochaines paroles, je suis très heureuse de savoir que maman en parlera même si ça veut dire que Daniel sera là. J’espère juste que maman acceptera les photos que je lui demande. J’ai encore le temps d’en parler avec elle, donc je garde ça pour moi. Une ferme pédagogique c’est une chouette activité mais c’est une activité supplémentaire. « Des cours pédagogiques pour adultes. Oui pourquoi pas ! » Dis- je en éclatant de rire. « Je fais déjà une activité en dehors de l’école, je n’ai pas tellement envie d’en avoir deux maman. Ce que j’aime bien en France, c’est que ce n’est pas tous les jours donc ça m’amuse. » La discussion sur les vacances se termine sur le sujet des taureaux. J’ai quelques photos dans mon sac, je lui montrerai en temps voulu. Une d’ailleurs a été prise quelques secondes avant de caresser un des taureaux. Ma seule réponse est le sourire qui reste graver sur mon visage.

Je suis étonnée lorsque maman parle de papa. « Oui elle est très jolie et elle est très gentille ! » « Plus gentille que Daniel en tout cas ! » mais ça je le garde pour moi. « Pour Caroline ce n’était pas son sourire mes ces yeux ! » « Oups j’ai encore lâché le morceau. » C’est avec une voix tremblante, une larme qui roule sur ma joue et en arrachant presque la photo des mains de maman que j’annonce : « Papa a refait sa vie. Caroline c’est ma belle-mère.»

Je regarde maman et me dis qu'il faut que je passe noël avec elle même si ça veut dire être loin de papa et de Caroline. Si je demande un changement maman sera triste et je ne veux pas la faire souffrir. Surtout qu'elle ne sera surement pas très heureuse de la nouvelle que je vais lui annoncer... J'écoute les paroles de maman et souris : "S'ils attendent alors ça me va... Tu crois qu'on peut faire ça à partir de quand ?" Le plus vite possible pour moi serait le mieux... Et après les devoirs ou avant d'aller me coucher mais ça il faudra voir avec maman.

"D'accord..." J'aime me défouler, mais il y a beaucoup de choses qui me lasse vite et j'ai peur que celle-ci en fasse partie. D'une petite voix je demande ensuite : "Pour les photos, je pourrai te les montrer quand tu me mettras au lit ?"

Je souris aux paroles de maman mais fini par pleurer de plus belle lorsqu'elle me dit de ne pas pleurer. Elle ne comprend vraiment pas... Elle pense que je pleure car je ne veux pas de Caroline mais c'est tout faux... J'aime Caroline... Et quand elle va l'apprendre elle va me détester... Je me pousse des bras de maman et lui dit : "Tu ne comprends pas ?! Tu vas me détester..." Je la regarde ensuite et dit en cachant mon visage dans mes bras : "J'aime ma belle-mère !"

L’affaire est réglée… Pour noël je resterai chez maman et je téléphonerai à papa comme je fais toujours lorsque je suis chez elle. J’aurai bien l’occasion de passer le réveillon de noël avec Caroline et papa l’année suivante. J’entends ensuite les paroles de maman et réfléchis à ma réponse. « Euh ? Pendant le week-end ? Ou quand tu auras le temps ? » Car oui je n’oublie pas que maman travaille et qu’elle est parfois fatiguée quand elle rentre.

Mon sourire s’agrandit quand elle parle du moment du coucher après mon bain… Ah le bain… Qu’est ce qu’il m’a manqué celui là… Car au gite nous utilisons qu'une douche. « Je crois que ce qui m’a le plus manqué après toi, c’est la baignoire… Au gite nous avons deux salles de bains mais papa préfère que nous utilisions celle avec la douche. »

Je veux m’enfuir mais maman est plus rapide que moi… Elle me relève le menton et me parle mais je refuse de l’écouter… Quand elle a terminée, c’est d’une voix pleine de sanglot que je lui réponds : « Tu me détesteras car je n’aime pas Daniel et que j’aime Caroline. » Je sens ensuite ses bras s’enrouler autour de moi dans une étreinte, je ne la regarde pas et parle doucement : « Papa sait déjà que je l’aime bien. J’ai eu une discussion avec lui… » Après une minutes de silence : « En France, j’ai fait tout pour que Caroline parte et papa ne comprenait pas mon manège… Car quand il nous voyait, on était heureux. La vérité c’est que j’avais peur que tu me déteste parce que j’aime Caro et pas Daniel… »

Il est loin le temps ou j’avais peur que le père noël ne passe pas chez maman ou papa lorsque je suis chez l’autre. Je me souviens de la première année, je pleurais beaucoup et papa m’a rassurée que ce n’était pas parce que papa et maman n’étaient plus ensembles que papa noël ne passerait pas chez lui quand j’étais chez maman et inversement.

Je me concentre ensuite sur ce qu’elle me dit et je ne peux que sourire. Je pourrai profiter de maman encore quelques jours avant de retourner à l’école et qu’elle ne reparte travailler. « Chouette ! Merci maman. » J’espère donc  que nous ne rentrerons pas tard du diner chez Franck. « Il faudra rentrer tôt de chez Franck alors… J’ai beaucoup de bazar ici… » Dis-je en souriant.

Ce n’est pas gentil, c’est la vérité… Maman passera toujours en premier même avant papa. Certes j’aime mon père au même niveau qu’Alexandra mais celle-ci est plus présence pour moi. « Tu passeras toujours avant tout maman… » Avant de continuer quand elle parle de la douche… « Oui et on utilise moins d’eau aussi. »

Je suis une petite fille qui n’a pas l’habitude de regarder les grandes personnes dans le blanc des yeux très longtemps. Au bout de quelques secondes, mon regard se baisse à nouveau avec une nouvelle quantité de larmes… « Pourquoi est-ce si difficile d’aimer quelqu’un. » Sans bouger, j’écoute maman et resserre doucement mon étreinte… « Tu sais j’essaie d’aimer Daniel comme j’aime Caroline mais je n’y arrive pas… » Parfois je voudrais une discussion avec lui mais j’ai l’impression que ce n’est jamais le bon moment… Comme seule réponse à son discours, je dépose un bisou mouillée sur sa joue et d’une voix encore tremblante : « Je le sais maintenant maman… (Après quelques minutes de silence) Je t’aime aussi. » La crise se termine petit à petit, j’ai encore des hoquets mais ils se calment. Malgré cela, je n’ai pas envie de descendre des bras de maman, même si je sais que je ne suis pas toute légère…

Le sourire que je viens de lui faire lui est dédié… J’adore sourire à maman encore plus lorsqu’en retour j’en ai un venant de sa part. J’écoute ensuite ces paroles, généralement je n’aime pas quand elle commence par : On verra cela… Car ça peut tout dire et je n’aime pas ne pas savoir. Au contraire, ce qui me rassure c’est que nous trouverons le temps pour le faire.

Sa main glisse sur ma peau et je souris à ce qu’elle vient de dire. Évidemment qu’elle passe en premier en même temps que papa même si pour l’instant je vois plus souvent ma mère que mon père. « Même si je ne vois pas souvent papa et qu’il me manque, je l’aime à la même égalité que toi… » Dis-je sérieusement pour le faire comprendre à Alexandra.

Pour la première fois depuis longtemps, je parle de Daniel sans m’énerver ou me mettre en colère. Je me mets de façon à la voir et lui dit d’une voix douce : « C’est vrai ? Tu iras lui parler ? Mais s’il ne veut pas ? » Mon beau-père est fort occupé, peut-être n’a t-il pas envie de perdre son temps avec moi ? Puis je n’ai pas été un ange avec lui dans le passé… Pour ne pas rester sur négatif, je change de sujets : « Tu as prévu de faire quoi maintenant? »

Je sais que papa c'est le meilleur papa du monde ! Si ce n'était pas le cas, je ne remuerai pas ciel et terre pour faire enrager Daniel et lui faire sentir que je le déteste. « Je sais que papa c'est le meilleur du monde et je sais aussi que si j'ai envie de le voir, je dois te le dire. » Avant de réfléchir aux nombres de fois que je vois papa sur une année. Enfin essayé car j'abandonne bien vite : « J'ai envie d'aller à Chicago plus souvent. Ça me manque... » Dis-je d'une voix un peu triste… Car Papa, Caroline, Papy et Mamy me manquent terriblement.

Je souris à la promesse de maman et l’écoute ensuite en souriant. « D’accord. » avant de réfléchir à sa dernière question. Quelques minutes plus tard je lui réponds : « Je peux venir t’aider avec le repas s’il te plait ? » Non seulement maman ferait ce qu’elle a prévu de faire et en même temps on passerait encore du temps ensembles…

Si maman pense que Jesse est le meilleur papa pour moi. Je sais qu’elle pense la même chose pour Daniel avec Amber, Jack et Sean même si elle ne le dit pas oralement de « peur » de déclencher une tornade à la maison. Je hoche la tête et réfléchis déjà à une prochaine date. Ce qui est compliqué car je vais avoir une semaine « contrôles » à l’école et que je vais devoir réviser. « Ok. Merci maman. » Un plan se dessine tout de même dans ma tête : Je viens de voir papa une semaine et la prochaine fois c’est : à Nouvel-an. Je commence mes contrôles la semaine avant Noël, si je demande à maman d’y aller début décembre ou vers le 10, cela devrait fonctionner… Enfin bref, je ne dis rien pour l’instant et me concentre sur les nouvelles paroles de maman.

L’idée de devoir prendre l’avion toute seule me fait peur même si je sais que les hôtesses seront là pour s’occuper de moi pendant toute la durée du vol. « Je sais pour marraine. » C’est dur de faire un choix : Voir son père seulement avec sa marraine ou alors y aller plus souvent mais avec des personnes différentes. « Ce serait plus facile si papa venait à New-York de temps en temps pour me voir… »

Je souris à la proposition de maman et réponds d’un ton plus joyeux : « Burger s’il te plaît ? » Avant de demander à descendre de ses bras pour arriver plus vite à la cuisine, me laver les mains et commencer à préparer ce qu’il nous faut.