Comme à mon habitude, je travaille. Qu'est ce qui est différent des autres, me diriez-vous? Et bien, j'accouche dans moins d'un mois mais... Rester enfermer chez moi? Je déteste ça. J'ai besoin de bouger, de m'activer et de faire quelque chose pour ne pas devenir chèvre. J'ai jamais aimé rester là à rien faire, j'ai juste l'impression de perdre mon temps et de ne pas me reposer. C'est pour ça que je m'occupe souvent de la paperasse à mon bureau mais trop de questions me trottent dans la tête à propos d'une affaire en particulier. Le meilleur moyen d'y avoir réponse, c'est d'aller voir le coupable en questions. C'est donc ce que je vais faire aujourd'hui.

Je quitte mon bureau afin de me rendre au Bellevue Hospital Psychiatric Unit où je le rencontre. D'un côté, j'ai du mal à accepter le verdict qui est tombé mais d'un côté, je n'ai pas le choix. Déjà parce que c'est la loi, mais aussi parce que je me dis qu'il a du se passer quelque chose, qu'il a un problème. Dans ce cas, l'hôpital psychiatrique est la meilleure alternative pour lui. Enfin, c'est du cas par cas et lui, je ne le connais pas si bien que ça. Dans le fond, je me suis occupée de son arrestation... Et après? Plus rien, j'ai simplement été au tribunal lorsque le verdict est tombé.

J'y entre donc et m'installe. On me fait attendre Friedhelm puisqu'évidemment, ma présence n'était pas prévue au programme pour lui. Je patiente sagement alors que je le vois entrer. Je le détaille du regard, mais sans plus. J'ai pas non plus envie de passer pour une psychopathe. Sa plaisanterie ne me fait pas rire, je lui lance un regard noir avant de me mettre à parler.

Un sens de l'humour très particulier, à ce que je vois. Bonjour à vous aussi. Je soupire avant d'ajouter. Non, vous ne me manquiez pas. J'ai simplement quelques questions auxquelles j'aimerais quelques réponses.

N'étant pas vraiment d'humeur à rire, je reste de marbre face à sa plaisanterie. Après tout, je suis là pour le professionnel et non pour rire avec un vieil ami que je n'ai pas vu depuis des années et où on se raconte nos vieux souvenirs de lycée et à quel point c'était les plus beaux souvenirs de notre vie. Non, je n'oublie pas qui il est ni ce qu'il a fait, ça me reste en travers de la gorge car je ne comprends pas.

En effet, ce n'est pas pour une visite de courtoisie. Lui répondis-je simplement.

Je glisse une main contre mon ventre, sous la table alors qu'il prend place. Je le regarde de façon assez stricte comme j'en ai l'habitude. Il a bien du comprendre que je n'étais pas là pour rigoler, du moins, je l'espère. Je pense que cet air sur mon visage est assez clair mais sait-on jamais. Il me demande finalement quelles sont mes questions, mon regard fixe le sien.

Disons que j'ai pas un tas de questions, mais plutôt une ou deux en particulier. Pourquoi? Pourquoi avez-vous agis ainsi? J'ai du mal à cerner les raisons de vos actes, tout simplement. Etait-ce intentionnel et étiez-vous conscient de vos actes ou pas du tout?

Je me cale contre le dos de ma chaise alors que je l'écoute me parler de cette soirée. D'un côté, il ne semblait pas regretter mais de l'autre... Je me mets à sa place et si un autre homme que mon petit-ami venait à me peloter, il se serait violemment prit mon poing en plein visage. N'imaginez pas le contraire, je ne suis pas du genre à rigoler avec ce genre de choses non plus mais il ne fallait pas aller jusqu'au meurtre et ça, je compte bien le lui dire.

Vous savez qu'il existe d'autres manières pour s'exprimer qu'un meurtre. La discussion, déjà. Ensuite, je pense que ça aurait été plus favorable pour vous de lui mettre un coup que de le tuer, mais je ne vous encourage pas à frapper les gens pour autant. Tuer quelqu'un pour lui faire comprendre n'est pas réellement la bonne manière de communiquer avec qui que ce soit. Après, je remarque bien que l'intention première lors de cette soirée n'était pas de tuer quelqu'un. Je reste calme, très calme face à lui. Je ne me laisse pas intimider par qui que ce soit.

Ce qu'il venait de dire me reste un peu en travers de la gorge. Alors, comme ça, je peux pas comprendre? Ma réponse sort toute seule malgré moi, ma bouche a parler trop vite.

Comme ça, je ne peux pas comprendre? Les femmes aussi se sentent rabaissées lorsque ça leur arrive. Vous pensez que c'est une partie de plaisir pour qui que ce soit? Que cela soit les hommes ou les femmes, certains sont vus comme des jouets sexuels et c'est ça le problème. Que ça soit les hommes ou les femmes, nous sommes tous confrontés au problème. Qu'importe qu'on soit une femme ou un homme. Quoi qu'il arrive, on sera toujours jugés.

Le pire? C'est que je pense mes paroles. Dans le fond, je ne regrette pas. C'est sorti naturellement et de mon point de vue, c'est la triste réalité.

Il a tenter de faire autre chose pour que vous le poignardiez? Je veux dire... Il a tenté des avances plus explicites? Si ce n'est pas le cas, il fallait le repousser. Vous avez la capacité de vous faire comprendre.

Je ne dirais pas monter sur mes grands chevaux, disons simplement qu'on me dise que je ne peux pas comprendre alors que si, je sais ce que c'est. J'ai failli le vivre mais l'homme en question s'est retrouvé à l'hôpital et plus jamais il n'a cherché à croiser ma route. Tu m'étonnes, adolescente j'étais une rebelle et j'avais un caractère bien trempé. Enfin, ça, ça n'a pas changer.

Je ne dis pas le contraire, ne me dites juste pas que je ne peux pas comprendre.

Elle l'écoute lui donner plus de détails. Il dit qu'il ne sait plus, ce qui me surprend puisqu'il est clair qu'il ne se souvient pas clairement de ce qu'il s'est passé. Je fronce les sourcils.

Vous n'êtes plus certain de ce qu'il s'est passé...? Je me demande si vous étiez vous-même ce soir là. Vous dites vous rappeler clairement de cette soirée et maintenant vous avez des doutes...

Je lève les yeux au ciel avant de soupirer. Il ne me connaît pas, ça se voit. Je reste calme malgré tout alors que je le regarde à nouveau.

Trouble du stress post-traumatique, vous connaissez? Les médicaments, je connais. Surtout les anti dépresseurs. Vous ne connaissez pas mon vécu et cette remarque se comprend dans ce cas là, mais n'imaginez pas que j'ai vécu des choses classiques et tout a fait normales.

Je reste assise alors qu'il se lève, tant qu'il ne s'approche pas trop de moi, il est libre de faire ce qu'il veut après tout. Je me débrouille pour rester calme, je me dis que si mes "problèmes" avaient dégénérés, j'aurais peut-être fait un détour par ici, je déteste ça !

Sa question la laisse perplexe. Ce qu'il y gagne? Tout dépend du point de vue. Etant toujours assise, je pose mes mains sur la table tandis que je me redresse légèrement. Je le regarde sincèrement, je ne compte pas l'embobiner.

A ce que la vérité soit connue? A ce que cela vous enlève un poids de vos épaules? A ce que quelqu'un sache réellement ce qu'il s'est produit? Après, cela dépendra de ce que vous allez me dire. Je peux vous promettre de ne rien y perdre dans tous les cas. J'ai simplement une soif de vérité. Lui dis-je calmement, sur un ton posé. C'est réel, je ne suis pas là dans le but de le faire aller en prison ou que sais-je, ce lieu n'est déjà pas des plus rassurant...

Kate ne peut pas lui proposer une sortie de cet endroit malgré qu'elle réalise à quel point c'est horrible de rester ici. Avec la meilleure volonté du monde, elle ne peut pas à cause des risques que cela pourrait engendrer et elle décide que c'est mieux d'éviter ces risques inutiles pour l'instant, mais peut-être plus tard si tout se passe bien mais c'est à voir selon son évolution. Disons simplement que la porte n'est pas fermée à clés.

Elle l'écoute donc parler et lui expliquer plus en détail ce qu'il s'est passé ce soir là, comment ils en ont arrivés à un meurtre et ce qu'il y avait entre eux avant et tout ce qui s'en suit. Ça correspond pile à cette affaire donc elle sait qu'il ne ment pas. Disons que ça rend les choses plus faciles à comprendre pour Katherine d'avoir la version de Friedhelm et pas une autre version, avec ces détails qui manquent lorsqu'elle passe du bouche à oreille.. Ça permet à la brune de se rendre compte de ce qu'elle ne savait pas encore, d'essayer de comprendre à partir de quel instant la situation a dégénérer à ce point.

Vous savez que vous n'étiez pas obligé d'endurer ça? Croyez moi que j'aurais préféré pouvoir faire quelque chose pour vous à l'extérieur plutôt que de vous rendre visite à cause d'un meurtre. Vous vous êtes laissés entraîner dans ces conneries parce que selon vous, il n'y avait pas d'autre solution? Il allait vous entraîner dans sa chute mais maintenant, tout vous retombe dessus parce que vous l'avez tué. Au moins vous êtes honnête, c'est déjà ça. Surtout qu'avec de la drogue vous seriez sorti rapidement, le meurtre c'est plus compliqué. Vous avez de la chance de ne pas avoir dû y aller, croyez moi. Les fréquentations là-bas ne sont pas les meilleures qui existent et je parle en connaissance de cause. Non, Kate n'est pas allée en prison et heureusement d'ailleurs. Elle aussi avait fait des bêtises en étant jeune mais jamais elle n'est allée jusque là.

Ressentant des contractions, la future maman tente de rester calme alors qu'elle tente de se lever mais en vain. Elle finit par appeler un médecin afin de faire passer ces fichues douleur. Ce n'est pas le moment pour elle d'accoucher. Pas ici et encore moins sans le père de son bébé. Heureusement, elle ne patiente pas trop longtemps et finit par être emmenée à l'hôpital.