Assise sur le bord de mon lit, je serre mon doudou contre mon cœur. Pour la première fois j’angoisse à l’idée de donner un cadeau d’anniversaire à maman. Inquiète, je compose le numéro de téléphone de papa et attends impatiemment qu’il décroche. A la troisième sonnerie, sa voix se fait entendre à l’autre bout du fil. Une conversation s’en suit, je lui exprime ma peur. Calmement, il me rassure : « C’est ta maman depuis si longtemps, elle t’aime comme si tu étais sa propre fille, elle ne pourra qu’accepter. Si j’étais à sa place, je serai la maman la plus heureuse du monde... » Je souris et remercie papa avant de raccrocher après plusieurs petits mots doux.

J’ouvre ma garde robe et regarde ce que je vais porter. Sur un cintre, je reconnais la robe bleue avec  le nœud blanc devant et les petites dentelles près du col que j’ai reçu à Pâques. Je la prends délicatement et me dirige ensuite vers la salle de bain pour prendre une douche et m’habiller. Une fois totalement prête, je retourne dans ma chambre et prépare le papier qui servira de cadeau.

Une heure plus tard, je descends dans la cuisine. Je prépare du lait que je fais chauffer au micro-onde avant de le mélanger avec le cacao et de le verser dans deux tasses. Je sors le pain et quelques confitures ainsi que des céréales. Le jus de fruit attendra car je n’ai pas encore l’habitude avec l’appareil.

N’ayant pas encore aperçu maman, je l’attends sagement dans le canapé du salon…

Le silence inhabituel qui règne dans la maison ne m’aide pas à me sentir mieux mais ce n’est pas grave : C’est son anniversaire, c’est elle la reine de la journée, elle a droit de faire ce qu’elle a envie… Puis si elle dort encore au point de ne pas m’avoir entendue c’est qu’elle en a besoin.

Dans le salon, je tente de trouver une occupation plus calme que la précédente : « Allumer la télévision ? Non je ne peux pas je pourrai réveiller Amber et maman et je n’ai pas envie de ça. » « Dessiner ? Je devrais me rendre dans la salle à manger, car il est interdit de dessiner dans le canapé... » Finalement je décide de prendre un jeu de cartes et de jouer au solitaire.

Lorsque j’entends du bruit à l’étage, j’arrête ma partie et range les cartes dans le tiroir. Je me remets à ma place et laisse maman m’embrasser sur le front « Bonjour maman oui j’ai bien dormi et toi ? Ce n’est pas grave, c’est ta fête aujourd’hui… Tu as le droit de faire tout ce que tu veux ! » Dis-je en souriant avant de lui rendre son bisou et entourant mes bras autour d’elle pour un câlin matinal : « Heureux anniversaire maman! »

Avec l’arrivée de la fille de Victoria, la vie à la maison a quelque peu changé et je comprends que maman soit plus fatiguée que d’habitude et dorme plus longtemps le matin. J’écoute ensuite ses paroles tout en grimaçant lors de la deuxième partie de son discours  : « Papa il dit toujours d’écouter son corps quand on sent qu’on est fatigué même s’il y aura moins de fatigue le soir. » Dis-je d’une voix douce tout en essayant de lui faire passer un message.

Lorsque elle répète mes paroles, je rigole en me rendant compte de ma bêtise. Prenant mon air sérieux, je lui réponds : « Oui tout ce que tu veux ! » Et quelques secondes plus tard : « Et exceptionnellement tu peux me torturer de chatouilles » avant d’éclater de rire.

Après le petit câlin matinal je reste collé à maman. Je ne lui ai pas encore donné le cadeau et je n’ai pas encore eu sa réaction donc j’ai encore peur. Je souris comme toute réponse puis lui demande : « J’espère que tu as faim ? Je t’ai préparé ton petit déjeuner... » Une dernière question me trotte dans la tête mais je ne lui pose pas encore car je crois déjà connaître la réponse...

Je souris aux paroles de maman et croise les doigts pour qu’elle fasse ce qu’elle dit. Maman serait toute seule avec moi je lui ferai confiance mais avec la présence de Daniel et de mes frères et sœurs, j’ai un doute. D’une petite voix je lui demande après son baiser sur le front : « Tu le feras vraiment ? »

Mes paroles ne sont pas tombé dans l’oreille d’une sourde, voilà qu’une bataille de câlins et de chatouille commencent. Comme d’habitude, je suis la perdante dans cette histoire. Me voilà entrain de pleurer de rire. Cela ne m’étonne pas lorsqu’elle dit avoir adorer la séance. Je souris, frotte mes yeux et lui répond : « Ça va…. »  

Nous parlons ensuite du petit déjeuner. Je comprends relativement vite que je donnerai mes cadeaux après qu’elle ait manger. Je souris un peu gênée et lui répond d’une voix sérieuse : « J’ai fait des tartines de confiture et de miel et du cacao chaud. J’ai aussi préparé le paquet de céréales si tu en voulais. » A sa dernière question, je réfléchis : je sais que j’ai faim mais avec le stress, j’ai peur d’avaler quelque chose. Prenant mon temps pour lui donner la réponse, je décide de lui parler du jus de fruit : « J’ai préparé les fruits pour un jus de fruit mais il faudra les passer dans l’appareil... »

Je serre une dernière fois maman dans mes bras puis me lève du canapé. J’attends maman et pendant qu’elle se lève, je lui réponds enfin : « Évidemment que je mangerai avec toi maman. » S’il y avait bien une personne qui ne refusait jamais un moment partagé avec Alexandra c’était bien moi.